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GHAP. II. LA CONQnÊTE Re!.:AINE. 451

chaque année plus difficile à compléter. Plus était grand 1(» «ombre de ceux qui obtenaient le droit de cité, plus était duie la condition de ceux qui ne l'avaient pas. 11 vint un temps où les villes latines demandèrent que ce droit de cité cessât d'être un privilège.

Les villes italiennes qui, soumises depuis deux siècle^ étaient à peu près dans la même condition que les ville latines, et voyaient aussi leurs plus riches habitants les abandonner pour devenir Romains, réclamèrent pour elles co droit de cité. Le sort des sujets ou des alliés était devenu d'autant moins supportable à cette époque, que la démocratie romaine agitait alors la grande question des lois agraires. Or, le principe de toutes ces lois était que ni le sujet ni l'allié ne pouvait être propriétaire du sol, sauf un acte formel de la cité, et que la plus grande partie des terres italiennes appar- tenait à la république-, un parti demandait que ces terres, qui étaient occupées presque toutes par des Italiens, fussent reprises par l'État et partagées entre les pauvres de Rome. Les Italiens étaient donc menacés d'une ruine générale ; ils sentaient vivement le besoin d'avoir des droits civils, et ils ne pouvaient en avoir qu'en devenant citoyens romains.

La guerre qui s'ensuivit fut appelée la guerre sociale; c'étaient en efifet les alliés de Rome qui prenaient les armes pour ne plus être alliés et devenir Romains. Rome victorieuse fut pourtant contrainte d'accorder ce qu'on lui demandait, et les Italiens reçurent le droit de cité. Assimilés dès lors aux Ro- mains, ils purent voter au forum ; dans la vie privée, ils furent régis par les lois romaines ; leur droit sur le sol fut reconnu, et la terre italienne, à l'égal de la terre romaine, put êtro possédée en propre. Alors s'établit le jus italicum, qui était le droit, non de la personne italienne, puisque l'Italien était devenu Romain, mais du sol italique, qui fut susceptible de propriété, comme s'il était ager romanus *.

1. Aug» est-il appelé dès lors, en droit, ret mancipi. Ulpien, XIX, 1. Leju$ itcUicum, qui existait, suivant toute apparence, au temps de Cicéron, n'est meo» tionné pour la première fois que par Cline, Hitt. nat. lll, 3, 3&; III, 31, 139; il s 'pplique déjà, par une extension naturelle, au territoire de plusieurs villes situées au milieu des provinces. Voy. Digetle, liv. L, titre u.

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