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CBAP. II. LA CONQUÊTE ROMAINC. 437

par tribus ; en droit, nulle distinction de richesse n'y était ad- mise V en fait, la classe pauvre, étanLenfermée dans les quatre tribus urbaines, n'avait que quatre suffrages à opposer aux trente et un de la classe des propriétaires. D'ailleurs, rien n'était plus calme, à l'ordinaire, que ces réunions; nul n'y parlait que le président ou celui à qui il donnait la parole ; on n'y écoutait guère d'orateurs -, on y discutait peu ; tout se réduisait, le plus souvent, à voter par oui ou par non, et à compter les votes ; cette dernière opération, étant fort com- pliquée, demandait beaucoup de temps et beaucoup de calme. 11 faut ajouter à cela que le Sénat n'était pas renouvelé tous les ans, comme dans les cités démocratiques de la Grèce. Lé- galement, il était composé à chaque nouveau lustre par les censeurs; en réalité, les listes se ressemblaient fort d'un lustre à l'autre, *et les membres rayés étaient l'exception; en sorte que le sénat était un corps viager, qui se recrutait à peu près lui-même, et où l'on peut remarquer que les fils succédaient ordinairement aux pères. Il était véritablement un corps oli- garchique.

Les mœurs étaient encore plus aristocratiques que les insti- tutions. Les sénateurs avaient des places réservées au théâtre. Les riches seuls èervaient dans la cavalerie. Les grades de l'armée étaient en grande partie 'réservés aux jeunes gens des grandes familles; Scipion n'avait pas seize ans qu'il comman- dait déjà un escadron ».

La domiïiation de la classe riche se soutint à Rome plus longtemps que dahs aucune autre ville. Gela tient à deux causes. L'une est que l'on fit de grandes conquêtes, et que les profits en furent pour la classe qui était déjà riche ; touteî les terres enlevées aux vaincus furent possédées par elle elle s'empara du commerce des pays conquis, et y joignit les énormes bénéfices de la perception des impôts et de l'admi*

1. Pline, XIV, i, i : Senator ceneu Ugi,judex (ieri cen$u, magistratum dim eetnque nihii magis exomare quam censum. Ce que Pline dit ici ne s'applique pas seulement aux derniers temps de la république. A Rome, il y eut toujours u cens pour être sénateur, un cens pour être chevalier et même pour être légionùair»; dès qu'il y eut un corps de juges, il fallul Mre riche pour en faire partie, en aon que le droit de iu^er fut toujovuri 1» privilège des classes lupirieares.

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