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CHAP. II. LA CONQUÊTE ROMAINE. 435

de société où il fallait combattre tous les jours, où le pauvre el le riche étaient toujours en guerre, où ils voyaient alterner sans fin les violences populaires et les vengeances aristocra- tiques. Ils voulaient échapper à un régime qui, après avoir produit une véritable grandeur, n'enfantait plus que des souffrances et des haines. On commençait à sentir la nécessité de sortir du système municipal et d'arriver à une autre forme de gouvernement que la cité. Beaucoup d'hommes songeaient au moins à établir au-dessus des cités une sorte de pouvoir souverain qui veillât au maintien de l'ordre et qui forçât ces petites sociétés turbulentes à vivre en paix. C'est ainsi que Phocion, un bon citoyen, conseillait à ses compatriotes d'ac- cepter l'autorité de Philippe, et leur promettait à ce prix la concorde et la sécurité.

En Italie, les choses ne se passaient pas autrement qu'en Grèce. Les villes du Latium, de la Sabine, de l'Étrurie étaient troublées par les mêmes révolutions et les mêmes luttes, et l'amour de la cité disparaissait. Comme en Grèce, chacun s'attachait volontiers a une ville étrangère, pour faire prévaloir ses opinions ou ses intérêts dans la sienne.

Ces dispositions des esprits firent la fortune de Rome. Ella appuya partout l'aristocratie, et partout aussi l'aristocratie fut son alliée. Citons quelques exemjxles. La gens Claudia quitta la Sabine à la suite de discordes intestines, et se trans- porta à Rome, parce que les institutions romaines lui plai- saient mieux que celles de son pays. A la même époque, beau- eoup de familles latines émigrèrent à Rome, parce qu'elles n'aimaient pas le régime démocratique du Latium et que Rome venait de rétablir le règne du patriciat'. A Ardée, l'aristo» cratie et la plèbe étant en lutte, la plèbe appela les Volsques à son aide, et l'aristocratie livra la ville aux Romains *. L'É- Irurie était pleine de dissensions*, Veii avait renversé son gou- vernement aristocratique-, les Romains l'attaquèrent, et les Witres villes étrusques, où dominait encore l'aristocratie Mcer

��t. D*nj8, VI, X

2. TiU Liie, IV, », 10.

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