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430 LIVRE V. LE RÉGIME MUNICIPAL DISPARAIT.

Rome entra ensuite dans la longue série de ses guerres. La première fut contre les Sabins de Tatius ; elle se termina par une alliance religieuse et politique entre les deux petits peuples*. Elle fit ensuite la guerre à Albe; les historiens disent que Rome osa attaquer cette ville, quoiqu'elle en fût une colonie. C'est peut-être parce qu'elle en était une colonie, qu'elle jugea nécessaire à sa propre grandeur de la détruire. Toute métropole, en effet, exerçait sur ses colonies une suprématie religieuse; or, la religion avait alors un tel empire que, tant qu'Albe res- tait debout, Rome ne pouvait être qu'une cité dépendante, et que ses destinées étaient à jamais arrêtées.

Albe détruite, Rome ne se contenta pas de n'être plu3 une colonie -, elle prétendit s'élever au rang de métropole, en héri- tant des droits et de la suprématie religieuse qu'Albe avait exercée jusque-là sur ses trciite colonies du Latium. Rome soutint de longues guerres pour obtenir la présidence du sacrifice des fériés latines. C'était le moyen d'acquérir le seul genre de supériorité et de domination nue l'on conçût en ce temps-là.

Elle éleva chez elle un temple à Djana; elle obligea les Latins à venir y faire des sacrifices; elle y attira même les Sabins*. Par là elle habitua les deux peuples à partager avec elle, sous sa présidence, les fêtes, les prières, les chairs sacrées des victimes. Elle les réunit sous sa suprématie reli» gieuse.

Rome est la seule cité qui ait su par la guerre augmenter sa population. Elle eut une politique inconnue à tout le resta du monde gréco-italien; elle s'adjoignit tout ce qu'elle vain- quit. Elle amena chez elle les habitants des villes prises, et des vaincus fit peu à peu des Romains. En même temps elle envoyait des colons dans les pays conquis, et de cette manière elle semait Rome partout; car ses colons, tout en formant des cités distinctes au point de vue politique, conservaient avec la métropole la communauté religieuse : or, c'était assez pouî

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