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4î8 LIVRE V. LE RÉGIME MUNICIPAL DISPARAIT.

nations. Aux Latins, elle présentait ses traditions surRomuluat aux Sabins, sa légende de Tarpeia et de Tatius; elle alléguais aux Grecs les vieux hymnes qu'elle possédait en l'honneur de la mère d'Évandre, hymnes qu'elle ne comprenait plus, mais qu'elle persistait à chanter. Elle gardait aussi avec la plus grande attention le souvenir d'Énée; car, si par É.vandre elle pouvait se dire parente des Péloponésiens, par Enée elle l'était de plus de trente villes répandues en Italie, en Sicile, en Grèce, en Thrace et en Asie Mineure, toutes ayant eu Énée pour fondateur ou étant colonies Je villes fondées par lui, toutes ayant, par conséquent, un culte commun avec Rome. On peut voir dans les guerres qu'elle fit en Sicile contre Carthage, et en Grèce contre Philippe, quel parti elle tira dd- cette antique parenté.

La population romaine était donc un mélange de plusieurs races, son culte un assemblage de plusieurs ultes, son foyer . national une association de plusieurs foyers. Elle était presque la seule cité que sa religion municipale n'isolât pas de toutes les autres. Elle touchait à toute l'Italie, à toute la Grèce. Il n'y avait presque aucun peuple qu'elle ne pût admettre à son foyer.

��2" Premiers agrandissements de /?om€ (753 -350 avant JésurS-Christ).

, Pendant les siècles où la religion municipale était partout •^ vigueur, Rome régla sa politique sur elle.

On dit que le premier acte de la nouvelle cité fut d'enlever quelques femmes saisines : légende qui paraît bien invraisem- blable, si l'on songe à la sainteté du mariage chez les anciens. Mais nous avons vu plus haut que la religion municipale In- terdisait le mariage entre personnes de cités différentes, à moins que ces deux cités n'eussent un lien d'origine ou un culte commun. Ces premiers Romains avaient le droit de mariage avec Albe, d'où ils étaient originaires, mais ils ne ravalent pas avac leurs autres voisins, les Sabins. Ce que

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