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CHAP. II. LA. CONQUÊTE ROMAINE. 487

sureoin qui rappelait leur origine étrangère ; il y avait ainsi les Sulpicius Camennus, les Gominius Auruncus, les Siciniua Sabinus, les Claudius Regillensis, les Aquillius Tuscus. La famille Nautia était troyenne; les Aurélius étaient Sabins; les Csecilius venaient de Préneste-, les Octavius étaient originaires de Vélitres.

L'effet de ce mélange des populations Ips plus diverses était que Rome avait des liens d'origine avec tous les peuples qu'elle connaissait. Elle pouvait se dire latine avec les Latins, sabine avec les Sabins, étrusque avec les Étrusques, et grecque avec les Grecs.

Son culte national était aussi un assemblage de plusieurs cultes, infiniment divers, dont chacun la rattachait à l'un de ces peuples. Elle avait les cultes grecs d'Évandro et d'Hercule ; elle se vantait de posséder le palladium troyen. Ses pénates étaient ians la ville latine de Lavinium. Elle adopta dès l'origine le culte sabin du dieu Consus. Un autre dieu sabin, Quirinus, s'implantî» si fortement chèa elle qu'elle l'associa à Romulus,son fondateur. Elle avait aussi les dieux des Étrusques, et leurs fêtes, et leur augurât, et jusqu'à leurs insignes sacer- dotaux.

Dans un temps où nul n'avait le droit d'assister aux fêtes religieuses d'une nation, s'il n'appartenait à cette nation par la naissance, le Romain avait cet avantage incomparable de pouvoir prendre part aux fériés latines, aux fêtes sabines, aux fêtes étrusques et aux jeux olympiques*. Or la religion était un lien puissant. Quand deux villes avaient un culte commun, elles se disaient parentes ; elles devaient se regarder comme alliées, et s'entr'aider; on ne connaissait pas, dans cette anti- quité, d'autre union que celle que la religion établissait. Aussi Rome conservait-elle avec grand soin tout ce qui pouvai servir de témoignage de cette précieuse parenté avec les autre

��1. Les Romains affectèrent de bonne heure de rattacher leur origine à Troie

Yoy. Tile-Live, XXXVII, 37; XXIX, 12. De même ils témoignèrent de bonn

heure de leur parenté avec la Tille de Ségeste (Cicéron, in Vorrem, IV, îj; V,47J^

«Tec rit« de Samotbrace (Servius, ad JEn., III, 13), avec les Péloponésieiia (Pauia

VIU, 4S), avec Wa Oreca (Straboa, V, I, 6).

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