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CHAP. I. NOUVELLES CROYANCES. 4SI

dû l'autorité et de l'obéissance, des obligatipns et des droits, se pobèreni à tous les esprits.

Sans doute la pensée ne peut pas se dégager aisément des liens que lui a faits l'habitude. Platon subit encore, en cer- tains points, l'empire des vieilles idées. L'État qu'il imagine, c'est encore la cité antique; il est étroit; il ne doit contenir que 5000 membres. Le gouvernement y est encore réglé par les anciens principes; la liberté y est inconnue; le but que lo législateur se propose est moins le perfectionnement de l'homme que la sûreté et la grandeur de l'association. La fa- mille même est presque étouffée, pour qu'elle ne fasse pas concurrence à la cité. L'État seul est propriétaire ; seul il est libre; seul il a une volonté; seul il a une religion et des croyances, et quiconque ne pense pas comme lui doit périr. Pourtant au niilieu de tout oela, les idées nouvelles se font jour. Platon proclame, comme Socrate et comme les Sophistes, que la règle de la morale et de la politique est en nous-mêmes, que la tradition n'est rien, que c'est la raison qu'il faut con- sulter, et que les lois ne sont justes qu'autant qu'elles sont conformes à la nature humaine.

Ces idées sont encore plus précises chez Aristote. « La loi dit-il, c'est la raison.» 11 enseigne qu'il faut chercher, non pas ce qui est conforme à la coutume des pères, mais ce qui est bon en soi. II ajoute qu'à mesure que le temps marche, il faut modiûer les institutions. Il met de côté le respect des an- cêtres: «Nos premiers pères, dit-il, qu'ils soient nés du sein de la terre ou qu'ils aient survécu à quelque déluge, ressem- blaient, suivant toute apparence, à ce qu'il y a aujourd'hui de plus vulgaire et de plus ignorant parmi les hommes. Il y aurait une évidente absurdité à s'en tenir à l'opinion de ces gens-là. » Aristote, comme tous les philosophes, méconnais- sait absolument l'origine religieuse de la société humaine ; il ne parle pas des prylanées ; il ignore que ces cultes locaux aient été le fondement de l'État. « L'État, dit^-rl, n'est pas autre chose qu'une association d'êtres égaux recherchant ea commun une existence heureuse et facile. » Ainsi la philo"' Sophie rejette les vieux principes des sociétés, et cherche un

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