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412 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

la place publique. Maia il n'eut pas le temps de partager le8 terres. On ne sait si Agis hésita sur ce point et s'il fut effrayé de son œuvre, ou si l'oligarchie répandit contre lui d'habiles accusations; toujours est-il que le peuple se détacha de lui et le laissa tomber. Les éphores regorgèrent, et le gouverne- ïnent aristocratique fut rétabli.

Cléomène reprit les projets d' Agis, mais avec plus d'adresse, et moins de scrupules. Il commença par massacrer les éphores, supprima hardiment cette magistrature, qui était odieuse aux rois et au parti populaire, et proscrivit les riches. Après ce coup d'Etat, il opéra la révolution, décréta le partage des terres, et donna le droit de cité à quatre mille Laconiens. Il est digne de remarque que ni Agis ni Cléomène n'avouaient qu'ils faisaient une révolution, et que tous les deux, s'autori- sant du nom du vieux législateur Lycurgue, prétendaient ra- mener Sparte aux^antiques coutumes. Assurément la consti- tution de Cléomène en était fort éloignée. Le roi était véri- tablement un maître absolu-, aucune autorité ne lui faisait contre-poids ; il régnait à la façon des tyrans qu'il y avait alors dans la plupart des villes grecqueSj et le peuple de Sparte, satisfait d'avoir obtenu des terres, paraissait se sou- cier fort peu des libertés politiques. Cette situation ne dura pas longtemps. Cléomène voulut étendre le régime démocra- tique à tout le Péloponèse, où Aratus, précisément à cette époque, travaillait à établir un régime de liberté et de sage aristocratie. Dans toutes les villes, le parti populaire s'agita au nom de Cléomène, espérant obtenir, comme à Sparte, une abolition des dettes et un partage des terres» C'est cette in- surrection imprévue des basses classes qui obligea Aratus à changer tous ses plânB ; il crut pouvoir comrpter sur la Macé- doine, dont le roi Antigone Doson avait alors pour politique de combattre partout les tyrans et le parti populaire, et il l'in- troduisit dans le Péloponèse. Antigone et les Achéens vain- quirent Cléomène à Sellasie. La démocratie Spartiate fut en- * core une fois abattue, et les Macédoniens rétablirent l'ancien gouvernement (222 ans avant Jésus-Christ).

Mais l'oligarchie ne pouvait plus se soutenir. Il y eut de

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