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3^4 LIVRE I. AWTIQUBS CROYANCKS.

sant de son tombeau, les frappant de maladie, s'ils appro- chaient, pour les siens il était bon et secourable.

Il y avait un échange perpétuel de bons offices entre les vivants et les morts de chaque famille. L'anoôtre recevait de ses descendants la série des repas funèbres, c'est-à-dire les seules jouissances qu'il pût avoir dans sa seconde vie. Le des- cendant recevait de l'ancêtre l'aide et la force dont il avait besoin dans celle-ci. Le vivant ne pouvait se passer du mort, ni le mort du vivant. Par là un lien puissant s'établissait entre toutes les générations d'une même famille et en faisait un corps éternellement inséparable.

Chaque famille avait son tombeau, où ses morts venaient reposer l'un après l'autre, toujours ensemble. Tous ceux du même sang devaient y être enterrés et aucun homme d'une autre famille n'y pouvait être admis*. Là se célébraient les cérémonies et les anniversaires. Là chaque famille croyait voir ses ancêtres sacrés. Aux temps très-antiques, le tombeau était dans la propriété même de la famille, au milieu de l'habitation,

��1. L'antique usape des tombeaux de famille est attesté de la manière la plus formelle. Les mots ti^oç icaTffi«;, |*v^|ia ««tfOov, i»vîj|»a tCv «fof^voiv, revienaent sans cesse chez les Grecs, comme chei les Latins tumuhts patrius, monwmen- tum gentis. DémosAène, m Eubulidem, J8 : ta ««xpSa |iivi{|xata iv koivuv^ûsw S»omif tWî ToO Tivouî. La loi de Solon interdisait d'y ensevelir un homme d'une autre famille; ne alienum inférât (Cic. De leg., U, 26). Démosthène, in Ma- cartatum, 79, décrit le tombeau toii reposent tous ceux qui descendent de Bousélos; on l'appelle le monument des Bousélides ; c'est un grand emplacement entouré d'une clôture, suivant la règle antique. » Le tombeau desLakiades, (iv^ ,i«Ta Kt|iû>via, est mentionné par Marcellinus, biographe de Thucydide, et par Plu- tarque, Cimon, 4. — Il y a une vieille anecdote qui prouve combien on jugeait nécessaire que chaque mort fût enterré dans le tombeau de sa famille; on ra- contait que les Laeédémoniens, sur le point de livrer bataiHe aux Messéniens, «Taient attaché k lenr bras droit des marqiies particulières contenant le nom de chacun et celui de son père, afin qu'en cas de mort le corps pût être reconna f t transporté an .tombeau paternel ; ce trait des moeurs antiques nous a été con* •ervé par Jnatin, III, &. Eschyle fait allusion an même usage lorsqu'il dit, en parlant de guerriers qui vont périr, qu'ils. seront rapportés dans les tombcaui de leurs pères, xôf*» «otfa»» >«xat {Sept contre Thèbes, t. 914). — Les Ro- mains avaient aussi des tombeaux de famille. Cicéron, De offie., 1, 17 : Sançui- nit eonjunctio, eadem habere monumenta majorum, iitdem uti «acrùi, sepulera habere communia. Comme en Grèce, il était interdit d'y ensevelir un homine d'une autre famille; Cicéron, De legib.. Il, 22 : Mortuum extra gentem <>ifef^faê negant. Voyez Ovide, Triste», IV, S, 45;,Vclléin8, H, U9; Suétone, Néron, M; Tibirt, 1; Cicéron. ï'wscui , I, T- Digeste, XL 7; XLVII, lî, k

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