Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/413

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAP. XIII. RÉVOLUTIONS DE SPARTE. 405

d'un tel homme. Sauf deux ou trois honorables exceptions, les tyrans qui se sont élevés dans toutes les villes grecques au quatrième et au troisième siècle n'ont régné qu'en flattant ce qu'il y avait de plus mauvais dans la foule et en abattant violemment tout ce qui était supérieur par la naissance, la richesse ou le mérite. Leur pouvoir était illimité; les Grecs purent reconnaître combien le gouvernement républicain, lorsqu'il ne professe pas un grand respect pour les droits individuels, se change facilement en despotisme. Les anciens avaient donné un tel pouvoir à l'État, que le jour où un tyran prenait en mains cette omnipotence, les hommes n'avaient plus aucune garantie contre lui, et qu'il était légale- ment le maître de leur vie et de leur fortune.

��CHAPITRE Xm.

Rérolntions d« Sparte.

Il ne faut pas croire que Sparte ait vécu dix siècles sans voir de révolutions. Thucydide nous dit, au contraire, «qu'elle lut travaillée par les dissensions plus qu'aucune autre cité grecque' ». L'histoire de ces querelles intérieures nous est, à la vérité, peu connue, mais cela vient de ce que le gouvernement de Sfvarte avait pour règle et pour habitude de s'entourer du plus profond mystère*. La plupart des luttes qui l'agitèrent ont été cachées et mises en oubli; nous en savons du moins assez pour pouvoir dire que, si l'histoire de Sparte diffère sensiblement de celle des autres villes, elle n'en a pas moins traversé la roême série de révolutions.

Les Dorions étaient déjà formés en corps de peuple lorsqu'ils envahirent le Péloponèse. Quelle cause les avait fait sortir de leur pays? Était-ce l'invasion d^n peuple étranger, était-ce une révolution intérieure? on l'ignore. Ce qui parait certaio,

1. Thucydide, I, 11. J. Idem, V, il.

�� �