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CHAP. IV. LA RELIGION DOMESTIQUE. 3S

eêtres'. Lucien, tout en se moquant des opinions du vulgaire, nous les explique nettement quand il dit : o Le mort qui n'a pas laissé de fils ne reçoit pas d'offrandes, et il est exposé i une faim perpétuelle' u.

Dans l'Inde comme en Grèce, l'offrande ne pouvait être faite à un mort que par ceux qui descendaient de lui. La loi des Hindous, comme la loi athénienne, défendait d'admett-e un étranger, fût-ce un ami, au repas funèbre. Il était si néces- saire que ces repas fussent offerts par les descendants du mort, et non par d'autres, que l'on supposait que les mânes, dans leur séjour, prononçaient souvent ce vœu : o Puisse-t-il naître successivement de notre lignée des fils qui nous offrent dans toute la suite des temps le riz bouilli dans du lait, le miel, et le beurre clarifié'! »

Il suivait de là qu'en Grèce et à Rome, comme dans l'Inde, le fils avait le devoir de faire les libations et les sacrifices aux mânes de son père et de tous ses aïeux*. Manquer à ce devoir était l'impiété la plus grave qu'on pût commettre, puisque l'inter- ruption de ce culte faisait déchoir une série de morts et anéantissait leur bonheur. Une telle négligence n'était pas moins qu'un véritable parricide multiplié autant de fois qu'if y avait d'ancêtres dans la famille.

Si, au contraire, les sacrifices étaient toujours accomplis suivant les rites, si les aliments étaient portés sur le tombeau aux jours fixés, alors l'ancêtre devenait un dieu protecteur. Hostile II tous ceux qui ne descendaient pajB de lui, les repous-

��ne portera l'ofTrande annuelle sur son tombeau. » D'autres passages du mêni* orateur montrent que c'est toujours le fils qui doit porter les breuvages sur lï tombe ; De Philoct. herext., il ; ibid., 65 ; De ApoUod. hered., 30.

1. Du moins à VoUgine; car ensuite les cités ont eu aussi leur» héros topi- ques et nationaux, comme nous le verrons plus.loin. Nous verrons aussi que IV doptioD créait une parenté ftctice et donnait le droit d'honorer une série d'ancê- tres.

2. Lucien, De luctu.

S. Lois de Maiiou, 111, 138 ; III, 374. '

4. C'e8'. ce que la langue f^recque appelle «autv t^v*|;iiC4|Jitv>L (Eschine, in Ti-

tnarch., W;ÙiaiTmii^. in Ariêtog., 18). Cf. Plularque, Calon, 15: xpi ^«U yo-

vtûciv l<oi-r'>"<-Voyez cumin; Uinarque reproche à Arislogiton de ne pas faire l<

sacrifice luouel i son pèr« qui «al mort à Erélrie. Diaarq., in Arùlog., j|.

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