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CHAP. XII. RICHES ET PAUVRES. 40 î

adversaires, en exila quatre cents autres, et se partagea leurs terres et leurs maisons* ».

A Syracuse, le peuple fut à peine délivré du tyran Denys que dès la première assemblée il décréta le partage des terres*.

Dans cette période Se l'histoire grecque, toutes les fois que nous voyons une guerre civile, les riches sont dans un parti et les pauvres dans l'autre. Les pauvres veulent s'emparer de la richesse, les riches veulent la conserver ou la reprendre, t Dans toute guerre civile, dit un historien grec, il s'agit de déplacer les fortunes', » Tout démagogue faisait comme ce Molpagoras de Gios, qui livrait à la multitude ceux qui possé- daient de l'argent, massacrait les uns, exilait les autres, et distribuait leurs biens entre les pauvres. A Messène, dès que le parti populaire prit le dessus, il exila les riches et partagea leurs terres*.

Les classes élevées n*ont jamais eu chez les anciens assez d'intelligence ni assez d'habileté pour tourner les pauvres vers le travail et les aider à sortir honorableoient de la misère et de la corruption. Quelques hommes de cœur l'ont essayé; ils n'y ont pas réussi. Il résultait de là que les cités flottaient toujours entre ùeux révolutions, 4'une qui dépouillait les riches, l'autre qui les remettait en possession de leur fortune. Cela dura depuis la guerre du Péloponèse jusqu'à la conquête de la Grèce par les Romains.

Dans chaque cité, le riche et lepauvre étaient deux ennemis qui vivaient à côté l'un de l'autre, l'un convoitant la richesse, l'autre voyant sa richesse convoitée. Entre eux nulle relation, nul service, nul travail qui les unît. Le pauvre ne pouvait acquérir la richesse qu'en dépouillant le riche. Le riche ne pouvait défendre son bien que par une extrême habileté ou par la force. Ils se regardaient d'un œil haineux. C'était dans el:aque ville une double conspiration < les pauvres conspiraient

1. Thucydide, VIII, 21. V

a. PluUrque, fJion, 37, 48.

t. Polybc, XV, 31, 3 : Vva iim^Sitiu tM «U^Xa* o4«4«(. . Polybe, VU, 10, éd. Didot.

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