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398 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

nomiques et les conaitions ûu travail fussent tels que les deux classes fussent forcées de vivre en bonne intelligence. Il eût fallu, par exemple, qu'elles eussent besoin l'une de l'autre, que le riche ne pût s'enrichir qu'en demandant au pauvre son travail, et que le pauvre trouvât les moyens de vivre en donnant son travail au riche. Alors l'inégalité des fortunes eût stimulé l'activité et l'intelligence de l'homme-, elle n'eût pas enfanté la corruption et la guerre civile.

Mais beaucoup de cités manquaient absolument d'industrie et de commerce : elles n'avaient donc pas la ressource d'aug- menter la somme de la richesse publique, afin d'en donner quelque part au pauvre sans dépouiller personne. Là où il y avait du commerce, presque tous les bénéfices en étaient pour les riches, par suite du prix exagéré de l'argent. S'il y avait de l'industrie, les travailleurs étaient, pour la plupart, des esclaves. On sait que le riche d'Athènes ou de Rome avait dans sa maison des ateliers de tisserands, de ciseleurs, d'ar- muriers, tous esclaves. Même les professions libérales étaienî à peu près fermées au citoyen. Le médecin était souvent un esclave qui guérissait les malades au profit de son maître Les commis de banque, beaucoup d'architectes, les construc«  teurs de navires, les bas fonctionnaires de l'Etat, étaient des esclaves. L'esclavage était un fléau dont la société libre souf- frait elle-même. Le citoyen trouvait peu d'emplois, peu de travail. Le manque d'occupation le rendait bientôt paresseux. Comme il ne voyait travailler que les esclaves, il méprisait le travail. Ainsi les habitudes économiques, les dispositions mo- rales, les préjugés, tout se réunissait pour empêcheï le pauvre de sortir de sa misère et de vivre honnêtement. La richesse et la pauvreté n'étaient pas constituées d§ manière à pouvoir vivre en paix.

Le pauvre avait l'égal tè des droits. Mais assurément sa souffrances journalières lui faisaient penser que l'égalité des fortunes eût été bien préférable. Or il ne fut pas longtemps sans s'apercevoir que l'égalité qu'il avait pouvait lai servir à acquérir celle qu'il n'avait pas, et que maître des suffrages, a pouvait deT«nir oialtre de U rich««^

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