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S% LIVRE I." ANTIQUES CROYANCES.

Ils ne ressemelaient même pas à Brahma qui était au moins dieu de toute une grande caste, ni à Zeus Panhellénien qui /était celui de toute une nation. Dans cette religion primitive y^ chaque dieu ne pouvait être adoré que par une famille. La \ religion était purement domestique.

Il faut éclaircir ce point important ; car on ne comprendrait pas sans cela la relation très-étroite qui s'est établie entre ce» vieilles croyances et la constitution de la famille grecque et ro- maine.

Le culte des morts ne ressemblait en aucune manière à celui que les chrétiens ont pour les saints. Une des premières règles de ce culte était qu'il ne pouvait être rendu par chaque famille qu'aux morts qui lui appartenaient par le sang. Les funérailles ne pouvaient être religieusement accomplies que par le parent le plus proche. Quant au repas funèbre qui se renouvelait ensuite à des époques déterminées, la famille seule avait le droit d'y assister, et tout étranger en était sévèrement exclu*. On croyait que le mort n'acceptait l'offrande que de la main des siens ; il ne voulait de culte que de ses descendants. La présence d'un homme qui n'était pas de la famille troublait le repos des mânes. Aussi la loi interdisait- elle à l'étranger d'approcher d'un tonabeau*. Toucher du pied, même par mé- garde, une sépulture, était un acte impie, pour lequel il fallait apaiser le mort et se purifier soi-même. Le mot par lequel les anciens désignaient le culte des morts estsignificatif; les Grecs disaient narptàÇeiv *, les Latins disaient parentare. C'est que la prière et l'offrande n'étaieht adressées par chacun qu'à ses pères *. Le culte des morts était véritablement le culte des an-

1. La loi de Soloa défendait de suivre en gémissanl le convoi d'un homme qui ■'était pas nn parent (Plutarque, Solon, 21). Elle n'autorisait les femmes à ac- eompagner le mort que jusqu'au degré de cousines, ivre; alvct|iiaSsv (Démosthène, in Macartalum, 62-63. Cf. Cicéron, De hgtbtu, II, 26. Varron, L. L., VI, 13 : Ferunl epulas ad sepulerum quibu$ jia ibi parentare. Gaius, II, i, 6 : Si modo mortui funus ad nos pertineat.

2. Oùx lUirciv lie' à'X^kitfta |i.vii|taTc paSlCit» (loi de Solon, dans Plutarque, £o/on, 21). PiltçLcu» ornnino aoeedere quemquam vetat in funtu aliortim (Cicéron, De legib. Il, 26).

3. Pollui, III, 10.

k. Aussi lisons-nous dans Isée, De Ueneelit hered., ki: a Si Ménéclès n'a 4'Mfa«ta, les (acrificM domMtiquM a'avront pu lira pour lai et pereon

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