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CHAP. ri. RÈGLES DU GOUVERNEMENT DÉMOCRATIQUE. 389

traditions de l'ancien temps; tant de révolutions n'avaient pas encore achevé de détruire ce respect superstitieux. Nul n'osait rompre avec les vieilles formes de la religion natio- nale ; la démocratie continuait le culte institué par les eupa- trides.

Venaient ensuite les magistrats spécialement créés pour la démocratie, qui n'étaient pas des prêtres, et qui veillaient aux intérêts matériels de la cité. C'étaient d'abord les dix stra- tèges qui s'occupaient des affaires de la guerre et de celles de la politique ; puis, les dix astynomes qui avaient le soin de la police ; les dix agoranomes qui veillaient sur les marchés de la ville et du Pirée*, les quinze sitophylaques qui avaient les yeux sur la vente du blé; les quinze métronomes qui contrô- laient les poids et les mesures; les dix gardes du trésor; les dix receveurs des comptes ; les onze qui étaient chargés de l'exécution des sentences. Ajoutez que la plupart de ces ma- gistratures étaient répétées dans chacune des tribus et dans chacun des dèmes. Le moindre groupe de population, dans l'Attique, avait son archonte, son prêtre, son secrétaire, son receveur, son chef militaire. On ne pouvait presque pas faire nn pas dans la ville ou dans la campagne sans rencontrer un magistrat.

Ces fonctions étaient annuelles; il en résultait qu'il n'était presque pas un homme qui ne pût espérer d'en exercer quel- qu'une à son tour. Les magistrats-prêtres étaient choisis par le sort. Les magistrats qui n'exerçaient que des fonctions d'or- dre public étaient élus par le peuple. Toutefois il y avait une précaution contre les caprices du sort ou ceux du suffrage universel: chaque nouvel élu subissait un examen, soit devant le Sénat, soit devant les magistrats sortant de charge, soit enfin devant l'Aréopage ; non que l'on demandât des preuves de capacité ou de talent; mais on faisait une enquête sur la probité de l'homme et sur sa famille; on exigeait aussi que tout magistrat eût un patrimoine en fonds de terre • .

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