Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/394

Cette page n’a pas encore été corrigée

S86 UTRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

ses révolutions. La guerre a détruit d'abord son patriciat; des (rois cents familles que cette caste comptait sous les rois, il en restait à peine un tiers après la conquête du Samnium. La guerre a moissonné ensuite la plèbe primitive, cette plèbe

che et courageuse aui renu)lissait les cina classes et qui for- mait les légions.

Un des effets de la guerre étaW qne les cités étaient presque toujours réduites à donner des armes aux classes inférieures. C'est pour cela qu'à Athènes et dans toutes les villes mariti- mes, le besoin d'une marine et les combats sur mer ont donné à la classe pauvre l'importance que les constitutions lui refu- saient. Les thètes, élevés au rang de rameurs, de matelots et même de soldats, et ayant en mains le salut de la patrie, se soDt sentis nécessaires et sont devenus hardis. Telle fut l'ori- gine de la démocratie athénienne. Sparte avait peur de la guerre. On peut voir dans Thucydide sa lenteur et sa répu- gnance à entrer en campagne. Elle s'est laissé entraîner mal- gré elle dans la guerre du Péloponèse \ mais combien elle a fait d'efforts pour s'en retirer! C'est que Sparte était forcée d'armer ses ùTOjjisfoveî, ses néodamodes, ses mothaces, ses la- coniens et même ses hilotes-, elle savait bien que toute guerre, en donnant des armes à ces classes qu'elle upprimait, la met- tait en danger de révolution, et qu'il lui faudrait, au retour de l'armée, ou subir la loi de ses hilotes, ou trouver moyen de les faire massacrer sans bruit*. Les plébéiens calomniaient le Sénat de Rome, quand ils lui reprochaient de chercher tou- jours de nouvelles guerres. Le Sénat était bien trop habile. Il savait ce que ces guerres lui coûtaient de concessions et i'échecs au forum. Mais il ne pouvait pas les éviter; car Rome était entourée d'ennemis. Il est donc hors de doute que la guerre a peu à peu conw ' blé la distance que l'aristocratie de richesse avait mise entre elle et les classesinférieures. Par là il est arrivé bientôt que les constitutions se sont trouvées en désaccord avec l'état social et ({u'il a fallu les modifier. D'ailleurs on doit reconnaître que

%. V'f»M c« «100 raconU Thacydide, IV, ^ '

�� �