Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée

376 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

période ce qu'ils avaient été dans la précédente. L'ancien ré- gime disparut, entraînant avec lui les règles rigoureuses qu'il avait établies en toutes choses; un régime nouveau fut fondé, et la vie humaine changea de face.

La religion avait été pendant de longs siècles Tunique prin- cipe de gouvernement. Il fallait trouver un autre principe qui fût capable de la remplacer, et qui pût, comme elle, régir les jociétés en les mettant autant que possible k l'abri des fluctua- tions et des conflits. Le principe sur lequel le gouvernement des cités se fonda désormais fut l'intérêt public.

Il faut observer ce dogme nouveau qui fit alofs son appa- rition dans l'esprit des hommes et dans l'histoire. Auparavant, la règle supérieure d'où dérivait l'ordre social, n'était pas l'in- térêt, c'était la religion. Le devoir d'accomplir les rites du culte avait été le lien social. De cette nécessité religieuse avait découlé, pour les uns le droit de commander, pour les autres l'obligation d'obéir; de là étaient venues les règles de la justice ■ et de la procédure, celles des délibérations publiques, celles de la guerre. Les cités ne s'étaient pas demandé si les institutions qu'elles se donnaient étaient utiles ; ces institutions s'étaient fondées parce que la religion l'avait ainsi voulu. L'intérêt ni la convenance n'avaient contribué k les établir; et si la classe sacerdotale avait combattu pour les défendre, ce n'était pas au nom de l'intérêt public, c'était au aom de la tradition reli- gieuse.

Mais .lans la période où nous entrons maintenant, la tradi lion n'a plus d'empire et la religion ne gouverne plus. Le principe régulateur duquel toutes les institutions doivent tirer di'sormais leur force, le seul qui soit au-dessus des volontés individuelles et qui puisse les obliger k se soumettre, c'est l'intérêt public. Ge que les Latins appellent res publica^ les Grecs xh xotv6v, voilà ce qui remplace'la vieille religion C'est là ce qui décide désormais des institutions et des lois, et c'est à cela que se rapportent tous les actes importants des cités. Dans les délibérations des sénats ou des assemblées popu- laires, que l'on discute sur une loi ou sur une forme de gou- vernement, sur un poiat de droit privé ou sur une inst>tution

�� �