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CHAP. VIII. CHANGEMENTS DANS LE DROIT PRIVE.

fils de frères, la succession passe à la sœur. S'il n'y a ni frères, ni sœurs, ni neveux, les cousins et petits-cousins de la branche paternelle héritent. Si l'on ne trouve pas de cousins dans la branche paternelle (c'est-à-dire parmi les agnats), la succession est déférée aux collatéraux de la branche maternelle (c'est-à-dire aux cognats). » Ainsi les femmes commencent à avoir des droits à la succession, mais inférieurs à ceux des hommes-, la loi énonce formellement ce principe : « Les mâles et les descendants par les mâles excluent les femmes et les descen- dants des femmes. » Du moins cette sorte de parenté est re- connue et se fait sa place dans les lois, preuve certaine que le droit naturel commence à parler presque aussi haut'que la vieille religion.

Solon introduisit encore dans la législation athénienne quelque chose de très-nouveau, le testament. Avant lui les bien?, passaient nécessairement au plus proche agnat, ou à défaut d'agnats aux gennètes (gentiles) ; cela venait de ce que les biens n'étaient pas considérés comme appartenant à l'individu, mais à la famille. Mais au temps de Solon on com- mençait à concevoir autrement le droit' de propriété; la dissolution de l'ancien γένος avait fait de chaque domaine le bien propre d'un individu. Le législateur permit donc à l'homme de disposer de sa fortune et de choisir son légataire. Toutefois en supprimant le droit que le γένος avait eu sur les biens de chacun de ses membres, il ne supprima pas le droit de la famille naturelle ; le fils resta héritier nécessaire ; si le mourant ne laissait qu'une fille, il ne pouvait choisir son héritier qu'à la condition que cet héritier épouserait la fille ; sans enfants, l'homme était libre de tester à sa fantaisie*. Cette dernière règle était absolument nouvelle dans le droit athénien, et nous pouvons voir par elle combien on se faisait alors de nouvelles idées sur la famille et combien on commençait à la distinguer de l'ancien γένος.

La religion primitive avait donné au père une autorité sou-

1. Plutarque, Solon, 21 : ἐν τῷ γένει τοῦ τεθνηκότος ἔδει τὰ χρήματα καταμένειν.

2. Isée, de Pyrrhi hered., S8. Démoàliibae, in Slephemum, U, 14. PluUrqu 8o(oH. 3t.