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348 LIVRE !V. LES RÉVOLUTIONâ.

poliLique; il ne semble même pas que la plèbe l'ait deman ié.

On convint seulement qu'à l'avenir la plèbe, constituée en une société à peu près régulière, aurait des chefs tirés de son sein '. C'est ici l'origine du tribunat de la plèbe, institution toute nouvelle et qui ne ressemble à rien de ce que les cités avaient connu auparavant.

Le pouvoir des tribuns n'était pas de même nature que l'autorité du magistrat; il ne dérivait pas du culte de la cité. Le tribun n'accomplissait aucune cérémonie religieuse ; il était élu sans auspices, et l'assentiment des dieux n'était pas néces- saire pour le créer*. Il n'avait ni siège curule, ni robe de pourpre, ni couronne de feuillage, ni aucun de ces insignes qui dans toutes les cités anciennes désignaient à la vénération des hommes les magistrats-prêtres. On ne le comptait pas parmi les vrais magistrats romains '.

Quelle était donc, la natnre et quel était lo principe de son pouvoir? Il est nécessaire ici d'écarter de notre esprit toutes les idées et toutes les habitudes modernes, et de nous trans- porter, autant qu'il est possible, au milieu des croyances des anciens. Jusque-là les hommes n'avaient compris l'autonLô que com»me un appendice du sacerdoce. Lors donc qu'ils vou- lurent étaJîlir un pouvoir qui ne fût pas lié au cu'^te, et des chefs qui ne fussent pas des prêtres, il leur fallut imaginer un singulier détour. Pour cela, le jour où l'on créa les premiers tribuns, on accomplit une cérémonie religieuse d'un caractère particulier*. Les historiens n'en décrivent pas les rites; ila

1. Tite-Live. II, 33 : concessu.m ui plebt snt magtsi'-atxu Mseni.

2. Denys, X, 4.

3. Plularque, Questions romaines, 81 ; «ûXudiv àç/îi? nàXXov ^ 4?x'<*- Tilr Live, II, 56, montre qu'aux yeux du patricien le tribun était un privatus, sin-j imperio, sine magistratu. C'est donc par un abus de langage que le mol ma- çislralus a été appliqué quelquefois aux tribuns. Le tribunat s'était bien transfuime fjnand Cicéron, dans un mouvement oratoire, à la vérité, l'appelait sanctistiinut magistratus (pro Sextio, 38).

4. Tite-Live omet de parler de cette cérémonie au moment de l'instituliou du Iribunat, mais il en parle au moment de son rétablissttiiient, en 449 : Ipsis quuqiié iWbwnis, ut saorosancli viderentur, relntis quibusdam aserimoniis, renov» runt et inviolatos eos qwi/m religione tum lege /"ecwunl (III, 55). Denys mar- que avec la même netteté l'intervention de la religioD : ttftv *m\ ixiràXaif {|«faXi«- p,iyi\i U (lût i^àftim.i (LS, ^7).

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