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CHAP. VU. PROGRÈS DE LA PLÈBE. 341

mure complète, et les deux suivantes, qui avaient au moins le bouclier, le casque et l'épée, formèrent les trois preraièref lignes de la légion. La quatrième et la cinquième, légèremeit trmées, composèrent les corps de vélites et de frondeur?. Chaque classe se partageait en compagnies, que l'on appelait centuries. La première en comprenait, dit-on, quatre-vingts ; les quatre autres vingt ou trente chacune. La cavalerie était à part, et en ce point encore Servius fit une grande innovation ; tandis que jusque-là les jeunes patriciens composaient seuls les centuries de cavaliers, Servius admit un certain nombre de plébéiens, choisis parmi les plus riches, à combattre à cheval, et il en forma douze centuries nouvelles.

Or on ne pouvait guère toucher à l'armée sans toucher en même temps à la constitution politique. Les plébéiens sen- tirent que leur valeur dans l'État s'était accrue; ils avaient des armes, une discipline, des chefs; chaque centurie avait son centurion et une enseigne sacrée. Cette organisation militaire était permanente; la paix ne la dissolvait pas. Il est vrai qu'au retour d'une campagne les soldats quittaient leurs rangs, la loi leur défendant d'entrer dans la ville en corps de troupe. Mais ensuite, au premier signal, les citoyens se rendaient en armes au champ de Mars, où chacun retrouvait sa centurie, son centurion et son drapeau. Or il arriva, 25 ans après Ser- vius TuUius, qu'on eutJa pensée de convoquer l'armée, sans que ce fût pour une expédition militaire. L'armée s'étant réunie et ayant pris ses rangs, chaque centurie ayant son cen- turion à sa tête et son drapeau au milieu d'elle, le magistrat parla, consulta, fit voter'. Les six centuries patriciennes et les douze de cavaliers plébéiens votèrent d'abord, après elles les centuries d'infanterie do première classe, et les autres à la suite. Ainsi se trouva établie au bout de peu de temps l'as- semblée centuriate, où quiconque était soldat avait droit de

��1. Denys d'Halicarnasse décrit en quelques mots la physionomie de cei assem- blées Ccnturiates : ojv^u -ci icX^6o{ el< tô 'Apnov «liiov, iicè >ox«fOt{ xol n|)iit*c( t«-»»f (Uyav, (iaitif iv mXl^u (VII, 5»). Cf. Id., IV, 84 : li»vt«« là ««i».

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