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«30 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

Étrusques, la condamnait à une guerre perpétuelle, et la guerw exigeait qu'elle eût une population nombreuse. Aussi les roii avaient-ils accueilli et appelé tous les étrangers, sans avoir égard à leur origine. Les guerres se succédaient sans cesse, el comme on avait besoin d'hommes, le résultat le plus ordinaire de chaque victoire était qu'on enlevait à la ville vaincue sa population pour la transférer à Rome. Que devenaient ces hommes ainsi amenés avec le butin? S'il se trouvait parmi eux des familles sacerdotales et patriciennes, le patriciat s'em- pressait de se les adjoindre. Quant à la foule, une partie en- trait dans la clientèle des grands ou du roi, une partie était reléguée dans la plèbe.

D'autres éléments encore entraient dans la composition de cette classe. Beaucoup d'étrangers affluaient à Rome, comme en un lieu que sa situation rendait propre au commerce. Les mé- contents de la Sabine, de TÉtrurie, du Latium, y trouvaient un refuge. Tout cela entrait dans la plèbe. Le client qui réus- sissait à. s'échapper de la gens devenait un plébéien. Le pa- tricien qui se mésalliait ou qui commettait une de ces fautes qui entraînaient la déchéance tombait dans la classe infé- rieure. Tout bâtard était repoussé par la religion des fa^milles pures, et relégué dans la plèbe.

Pour toutes ces raisons, la plèbe augmentait en nombre. La lutte qui était engagée entre les patriciens et les rois accrut son importance. La royauté et la plèbe sentirent de bonne heure qu'elles avaient les mêmes ennemis. L'ambition des rois était de se dégager des vieux principes de gouvernement qui entravaient l'exercice de leur pouvoir. L'ambition de la plèbe était de briser les vieilles barrières qui l'excluaient de l'asso- ciation religieuse et politique. Une alliance tacite s'établit; les rois protégèrent la plèbe, et la plèbe soutint les rois.

Les traditions et les témoignages de l'antiquité placent sous le règne de Servius les premiers progrès des plébéiens. La haine que les patriciens conservèrent pour ce roi montre suffi sam- 'ment quelle était sa politique. Sa première réforme fut de donner des terres à la plèbe, non pas, il est vrai, sur Vagcr romanus, mais sur les territoires pris à l'ennemi ; ce n'était

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