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CHAP. VII. PROGRÈS DE LA PLÈBE. ^35

tagée en deux ou trois cents gentes, en douze phratries, en quatre tribus. Dans chacun de ces groupes il y avait encore, comme dans l'époque précédente, un culte héréditaire, ua prêtre qui était un eupatride, un chef qui était le même qm le prêtre. Tout cela était le reste d'un passé qui avait peine ^ disparaître; par là, les traditions, les usages, les règles, lej distinctions qui avaient régné dans l'ancien état social, se per- pétuaient. Ces cadres avaient été établis par la religion, et ils maintenaient à leur tour la religion, c'est-à-dire la puissance des grandes familles. Il y avait dans chacun de ces cadres deux classes d'hommes, d'une part les eupatrides qui possé- daient héréditairement le sacerdoce et l'autorité, de l'autre les hommes d'une condition inférieure, qui n'étaient plus ser- viteurs ni clients, mais qui étaient encore retenus sous l'auto- rité de l'eupatride par la religion. En vain la loi de Solon disait que tous les Athéniens étaient libres. La vieille religion sai- sissait l'homme au sortir de l'Assemblée où U avait librement voté, et lui disait : Tu es lié à un eupatride par le culte ; tu lui dois respect, déférence, soumission -, comme membre d'une cité, Solon ta fait libre, mais comme membre d'une tribu, tu ohéis à un eupatride \ comme membre d'une phratrie, tu as encore un eupatride pour chef; dans la famille même, dans la gens où tes ancêtres sont nés et dont tu ne peux pas sortir, tu retrouves encore l'autorité d'un eupatride. A quoi servait-il que la loi politique eût fait de cet homme un citoyen, si la religion et les mœurs persistaient à en faire un client? Il est vrai que depuis plusieurs générations beaucoup d'hommes se trouvaient en dehors de ces cadres, soit qu'ils fussent venus de pays étrangers, soit qu'ils se fusseat échappés de la gens et de la tribu pour être libres. Mais ces hommes souffraient d'une autre manière ;^§lacés à l'écart des tribus, ils se trou- vaient dans un état d'infériorité morale vis-à-vis des autres hommes, et une sorte d'ignominie s'attachait à leur indépen- dance.

Il y avait donc, apr«w -.a réforme politique de Solon, une autre réforme à opérer dans le domaine de la religion. Clis-

ènes l'accouiplil ta remplaçant les quatre anciennes tribu

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