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334 LIVRE IV. LES RÉVOLDTIONS.

prétendant qu'on l'avait blessé, il demanda qu'on lui donnât une garde. Les hommes des premières classes allaient lui répondre et dévoiler le mensonge, mais « la populace était prête k en venir aux mains pour soutenir Pisistrate ; ce que voyant, les riches s'enfuirent en désordre ». Ainsi l'un des premiers actes de l'assemblée populaire récemment instituée fut d'aider un homme à se rendre maître de la patrie'.

Il ne paraît pas d'ailleurs que le règne de Pisistrate ait apporté aucune entrave au développement des destinées xi'Alhènes. Il eut, au contraire, pour principal effet d'assuré? et de garantir contre une réaction la grande réforme sociale et politique qui venait de s'opérer*.

Le peuple ne se montra guère désireux de reprendre sa liberté ; deux fois la coalition des grands et des riche» ren- versa Pisistrate, deux fois il reprit le pouvoir, et son fils aîné régna dans Athènes après lui. Il fallut l'intervention d'une armée Spartiate dans l'Attique pour faire cesser la domination de celte famille*.

L'ancienne aristocratie ou» un moment l'espoir de profiter de la chute des Piaistratides pour ressaisir ses privilèges. Non-seulement elle n'y réussit pas, mais elle reçut même le plus rude coup qui lui eût encore été porté. Clisthènes, qui était issu dé cette classe, mais d'une famille que cette' classe couvrait d'opprobre et semblait renier depuis trois généra- tions, trouva le plus sûr moyen de lui ôter à jamais ce qu'il lui restait encore de force*. Selon, en changeant la constitution politique, avait laissé subsister toute la vieille organisation religieuse de la société athénienne. La population restait par-

��1. Sur l'alliance de Pisistrate avec les classes inférieures, voy. Hérodote, I, i9; Plutarque, Solon, 29, 30; Arislole, Politique, V, 4, 5, éd. Didot, p. 571.

2. Hérodote, I, 59, cl Thucydide, VI, Si, affirment que Pisistrate conserva le constitution et les lois établies, c'est-à-dire les lois et la constitution de Solon.

3. Hérodote, V, 63-65 ; V[, 123 ; Thucydide, I, 20; VI, 54-59. Ces deui historieM montrent très-clairement que la tyrannie fut renversée, non par Armodius et Aris- togiton, mais par les Spartiates. La légende athénienne a altéré les faits.

4. Hérodote, V, 66-69, donne une iJée très-nette de la lutte de Glisthones contre Uagoras «t de ton clliauc» avoc lei cUmm ialéiieure*; Cf. Isocrate, «. A««iie««M;,

t.nt.

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