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CHAP. VU. PROGRÈS DE LA PLÈBE. 33î

fut tout. Il y eut encore des hommes qui s'amusèrent à comp- ter leurs aïeux; mais on riait de ces hommes*. On garda l'usage d'inscrire sur quelques tombes que le mort était de noble race ; mais nulle tentative ne fut faite pour relever un régime à jamais tombé. Isocrate dit avec vérité que de son temps tes grandes ' familles d'Athènes n'existaient plus que dans leurs tombeaux.

Ainsi la cité ancienne s'était transformée par degrés. A l'ori- gine, elle était l'association d'une centaine de chefs de famille. Plus tard le nombre des citoyens s'accrut, parce que les bran- -ches cadettes obtinrent l'égalité. Plus tard encore, les clients affranchis, la plèbe, toute celle foule qui pendant des siècles était restée en dehors de l'association religieuse et politique, quelquefois même en dehors de l'enceinle sacrée de la ville, renversa les barrières qu'on lui opposait et pénétpa dans la cité, où aussitôt elle fut maîtresse.

��8* Histoire de cette révolution à Athènes.

Les eupatrides, après le renversement de, la royauté, gou- vernèrent Athènes pendant quatre siècles. Sur cette longue domination l'histoire est muette ; on n'en sait qu'une chose, c'est qu'elle fut odieuse aux classes inférieures et que le peu- ple fit effort pour sortir de ce.régime.

Vers l'an 612, le mécontentement que l'envoyait général, et les signes certains qui annonçaient une révolution prochaine, éveillèrent l'ambition d'un eupatride, Gylon, qui songea à renverser le gouvernement de sa caste et à se faire tyran po- pulaire. L'énergfe des archontes fit avorter l'entreprise', mais ï'agilation continua après lui. En vain les eupatrides mirent en usage toutes les ressources de leur religion. En vain ils dirent que les dieux étaient irrités et que des spectres appa- raissaient. En vain ils piirifièrcnt la ville de tous les crimes du peuple et élevèrent deux autels à la Violence et à l'insolence,

j. Nous faisons exception pour Rome, chez qui la noblesse, en m tranffor mant, a conserré prestige el furce.

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