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CHAP. VII. PROGRES DE LA PLÈBE. 329

armes k la main, il a forcé les portes de la ville où il lui était mterdit d'habiter. Une fois devenu le maître, ou il a chassé les grands et a occupé leurs maisons, ou il s'est contenté de décréter l'égalité des droits. C'est ce qu'on vit à Syracuse, à Érythrées, à Milet.

Là, au contraire, le peuple a usé de moyens moins violents. Sans luttes à main armée, par la seule force morale que lui avaient donnée ses derniers progrès, il a contraint les grands à faire des concessions. On a nommé alors un législateur et la constitution a été changée. C'est ce qu'on vit à Athènes,

Ailleurs, la classe inférieure, sans secousse et sans bouleveiw sèment, arriva par degrés à son but. Ainsi à Cumes le nom^ bre des membres de la cité, d'abord très-restreint, s'accrui une première fois par l'admission de ceux du peuple qui étaient assez riches pour nourrir un cheval. Plus tard, on éleva jus- qu'à mille le nombre des citoyens, et l'on arriva enfin peu à peu à la démocratie*.

Dans quelques villes, f admission cfe la plèbe parmi les ci- toyens fut l'œuvre des rois -, il en fut ainsi à Rome. Dans d'au- tres, elle fut l'œuvre des tyrans populaires; c'est ce qui eut lieu à Corinthe, à Sicyone, à Argos. Quand l'aristocratie reprit le dessus, elle ent ordinairement la sagesse de laisser à la classe inférieure ce titre de citoyen que les rois ou les tyrans lui avaient donné. A Samos, l'aristocratie ne vint à bout de sa lutte contre les tyrans qu'en affranchissant les plus basses classes. 11 serait trop long d'énumérer toutes les formes di- verses sous lesquelles cette grande révolution s'est accomplie. Le résultat a été partout le même; la classe inférieure a pé- nétré dans la cité et a fait partie du corps politique.

Le poëte Théognis nous donne une idée assez nette de cette révolution et de ses conséquences. 11 nous dit que dans Mégare, sa patrie, il y a doux sortes d'hommes. 11 appelle l'une la classe des bons, à-foi^ol ; c'est, en effet, le nom qu'elle se donnait dans plupart des villes grecques. 11 appelle l'autre la classe des mauvais, xaxof; c'est encore de ce nom qu'il était d'usage de

t. Héraclide, dans les fragments det hist. grecs, coll. Didot, t. II, p. 31T.

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