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CHAP. VI. LES CLIENTii S'AFFRANCHISSENT. 315

Mais ils n'avaient pas non plu» la lâche résignation des pé- diéens; ils demandaient plus dt stabilité dans leur condition et des droits mieux assurés.

C'est Solon qui donna satisfaction à ces vœux dans la me- Bure du possible. Il y a une partie de l'œuvre de ce législateur que les anciens ne nous font connaître que très imparfaitement, mais qui paraît en avoir été la partie principale. Avant lui, la plupart des habitants de l'Attfque étaient encore réduits à la possession précaire du sol et pouvaient même retomber dans la servitude personnelle. Après lui, cette nombreuse classe d'hommes ne se retrouve plus ; nous ne voyons plus ni les te- nanciers sujets à redevance ni « la terre esclave », et le droit de propriété est accessible à tous. Il y a là un grand change- ment dont l'auteur ne peut être que Solon.

Il est vrai que', si l'on s'en tenait aux paroles de Plutarque, Solon n'aurait fait qu'adoucir la législation sur les dettes en ôtant au créancier le droit d'asservir le débiteur. Mais il faut regarder de près à ce qu'un' écrivain qui est si postérieur à cette époque nous dit de ces dettes qui troublèrent la cité Athénienne comme toutes les cités de la Grèce et de l'Italie. Il est difficile de croire qu'il y eût avant Solon une telle circu- lation d'argent qu'il dût y avoir beaucoup de prêteurs et d'em- prunteurs. Ne jugeons pas ces temps-là d'après ceux qui ont suivi. 11 y avait alors fort peu de commerce ; l'échange des créances étaitinconnu et les emprunts devaient être assez ra- res. Sur quel gage l'homme qui n'était propriétaire de rien aurait-il emprunté? Ce n'est guère l'usage, dans aucune société, de prêter à ceux qui n'ont rien. On dit, à la vérité, sur la foi des traducteurs de Plutarque plutôt que de Plutarque lai- même, que l'emprunteur engageait sa terre '.Mais en suppo- sant que cette terre fût sa propriété, il n'aurait pas pu l'enga- ger ; car le système des hyjpothè<iues n'était pas encore connu

��1. Plutarque parle d'Sjoi. An temps de Plutarque et déjà an temps de Démo»- thène, il jf avait des S^oi hypothécaires. A l'époque de Solon, l'S^o; n'était et a* pouvait être que le terminug, emblème et garantie du droit de propriété. Dans !• eas qui nous occupe, !'<;«( marquait, tmt le champ occopi par U thiU, la do- Baiae émineni d« l'Mpatrida.

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