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24 LIVRE I. ANTIQUES CROYANCES.

éclatante*. On lui offrait des sacrifices'; or, l'essence de tout sacrifice était d'entretenir et de ranimer ce feu sacré, de nourrir et de développer le corps du dieu. C'est pour cela qu'on lui donnait avant toutes choses le bois; c'est pour cela qu'ensuite on versait sur, l'autel le vin brûlant de la Grèce, l'huile, l'en- cens, la graisse des victimes. Le dieu recevait ces offrandes, les dévorait ; satisfait et radieux, il se dressait sur l'autel et il illuminait son adorateur de ses rayons *. C'était le mo- ment de l'invoquer ; l'hymne de la prière sortait du cœur de l'homme.

Le repas était l'acte religieux par excellence. Le dieu y pré- sidait. C'était lui qui avait cuit le pain et préparé les aliments'; aussi lui devait-on une prière au commencement et à la fin du repas. Avant de manger, on déposait sur l'autel les pré- mices de la nourriture ; avant de boire, on répandait la libation de vin. C'était la part du dieu. Nul ne doutait qu'il ne fût présent, qu'il ne mangeât et ne bût; et, de fait, ne voyait-on pas la flamme grandir, comme si elle se fût nourrie des mets offerts? Ainsi le repas était partagé entre l'homme et le dieu : c'était une cérémonie sainte, par laquelle ils entraient en communion ensemble*. Vieilles croyances, qui à la longue disparurent des esprits, mais qui laissèrent longtemps après elles des usages, des rites, des formes de langage, dont l'incré-

1. Virgile, En., l, 704 : Flamtnis adolere Penatet.

2. Virgile, Géorg., IV, 383-385 :

Ter liquido ardentem perfudit nectare vestam, Ter flamma ad summum tecti subjecta reluxit.

Serrius explique ainsi ces deux vers : id est, in ignem vinum purisainmm fu- 4U, post quod quia magis flamma convaluit bonum omen oslendit.

3. Ovide, Fast., VI, 315.

4. Plutarque, Quest. rom., 64 : Upév Tt ^ TpàntÇa. Id., Symposiaca, VII, 4, 7:

tpâi«Ç« un* Ivfwv tffxia xaXtiTat. Id., ibtd., VII, 4, 4 : inafjjàî -cO irôpi «ito5l»

  • ovTaç. — Ovide, Fastes, VI, 300 : Et mensae credere adesse deos. VI, 630 :

In omatum fundere vina focum, II, 634 : Nulriai incinclos mixta patel Lares. Cf. Plaute, Aulularia, II, 7, 16; Horace, Odes, III, 23; Sa«., II, 3, 166; Juvénal, XII, 87-90; Plutarque, De Fort. Rom., 10. — Comparer Hymne ho- mérique, XXIX, 6. Plutarque, fragments, Comm. sur Hésiode, 44. Ser?ius, i/i JEneida, I, 730 : Apud Romanos, csena édita, silentium fieri solebat quoaa •a quse de coma libata fuerant ad focum ferrtnlxur «t igni darmtur ac fue* deos propUioê nuntiasset.

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