Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/316

Cette page n’a pas encore été corrigée

308 LIVRE IV. LES REVOLUTIONS.

domestique à laquelle il est attaché sous l'autorité du patron qui en est le prêtre. D'ailleurs pour le client et pour le serf la subordination est la même ; l'un est' lié à son patron comme l'autre l'est à son seigneur \Ae client ne peut pas plus .(juitter la gens que le serf la glèbe. Le client, comme le serf, reste soumis à un maître de père en fils. Un passage de Tite-Llve fait supposer qu'il lui est interdit de se marier hors de la g-ens, comme il l'est au serf de se marier hors du village*. Ce qUi est sûr, c'est qu'il ne peut pas contracter mariage sans l'autori- sation du patron. Le patron peut reprendre le sol que le client cultive, et l'argent qu'il possède, comme le seigneur peut le faire pour le serf. Si le client meurt, tout ce dont il a eu l'usage revient de droit au patron, de même que la succession du serf appartient au seigneur.

Le patron n'est pas seulement un maître ; il est un juge -, il peut condamner à mort le client. 11 est de plus un chef reli? gieux. Le client plie sous cette autorité à la fois matérielle et morale qui le prend par son corps et par son âme. 11 est vrai que cette religion impose des devoirs au patron, mais des de- voirs dont il est le seul juge et pour lesquels il n'y a pas de sanction. Lç client ne voit rien qui le protège; il n'est pas citoyen par lui-même *, s'il veut paraître devant le tribunal de la cité, il faut que son patron le conduise et parle pour lui. Invoquera-t-il la loi ? Il n'en connaît pas les formules sacrées ; les connaitrait-il, la première loi pour lui est de ne jamais té- moigner ni parler contre son patron. Sans le patron nulle jus- tice ; contre le patron nul recours.

Le client n'existe pas seulement à Rome; on le trouve chet les Sabins^t les Étrusques, faisant partie de la manus de cha- que chef '. Il a existé dans l'ancienne gens hellénique aussi bien que dans la gens italienne. Il est vrai qu'il ne faut pas le chercher dans les cités doriennes, où le régime de la gens a disparu de bonne heure et où les vaincus sont attachés, non à la famille d'un maître, mais à un lot de terre. Nous le trou- vons k Athènes et dans les cités ioniennes et éoliennes sous le

i. Tite-LiT*. XXXDC, 1».

2. DMys, V, M ; a, k. TM^Uve. B, 16.

�� �