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306 LIVRE IV. LES BÉVOLUTION*.

CHAPITRE VL

Lea clients s'affranchissent.

1° Ce que c'était d'abord que la clientèle et comment eUe s^est transformée.

Voici encore une révolution dont on ne peut pas indiquer la date, mais qui a très-certainement modifié la constitution de la famille et de la société elle-même. La famille antique com- prenait, sous l'autorité d'un chef unique, deux classes de rang inégal : d'une part, les branches cadettes, c'est-à-dire les indi- vidus naturellement libres ; de l'autre, les serviteurs ou clients, inférieurs par la naissance, mais rapprochés du chef par leur participation au culte domestique. De ces deux classes, nous venons de voir la première sortir de son état d'infériorité -, la seconde aspire de bonne heure à s'affranchir. Elle y réussit à la longue ; la clientèle se transforme et finit par disparaître.

Immense changement que les écrivains anciens ne nous racontent pas. C'est ainsi que, dans le moyen âge, les chro- niqueurs ne nous disent pas comment la population des cam- pagnes s'est peu à peu transformée, il y a eu dans l'existence des sociétés humaines un assez grand nombre de révolutions dont le souvenir ne nous est fourni par aucun document. Les écrivains ne les ont pas remarquées parce qu'elles s'accom- plissaient lentement, d'une manière insensible, sans luttes visibles ; révolutions profondes et çacljées qui remuaient la fond de la société humaine sans qu'il en parût rien k la sur- face, et qui restaient inaperçues des générations mêmes qui y travaillaient. L'histoire ne peut les saisir que fort longtemps après qu'elles sont achevée, iorsqu'en comparant deux épo- ques delà vie d'un peuple elle constate entre elles de si grandes différences qu'il devient évident que, dans l'intervalle qui les sépare, une grande révolution s'est accomplie.

•Si Ion s'en rapportait au lal/leau que les écrivains nous Ira-

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