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CHAP. III. PREMIÈRE RÉVOLUTION. 195

A Servius succède le second Tarquin \ il trompe î'espoir des sénateurs qui l'ont élu; il veut être maître, de regedominus exstitit. Il fait autant de mal qu'il peut au patriciat;-U abat les hautes têtes; il règne sans consulter les Pères, fait la guerre et la paix sans leur demander leur approbation. Le patriciat emble décidément vaincu.

Enfin une occasion se présente. Tarqum est loin de Rome non-seulement lui, mais l'armée, c'est-à-dire ce qui le soutient. La ville est momentanément entre les mains du patriciat. Le préfet de la ville, c'est-à-dire celui qui a le pouvoir civil en l'absence du roi, est un patricien, Lucrélius. Le chef de la cavalerie, c'est-à dire celui qui a l'autorité militaire après l roi, est un patricien, Junius*. Ces deux hommes préparent l'insurrection. Ils ont pour associés d'autres patriciens, un Valérius, un Tarquin Collatin. Le lieu de réunion n'est pas Rome, c'est la petite ville de Collatie, qui appartient en propre à l'un des conjurés. Là, ils montrent au peuple le cadavre d'une femme ; ils disent que cette femme s'est tuée elle-même, se punissant du crime d'un fils du roi. Le peuple de Collatie se soulève; on se porte à Rome; on y renouvelle la mêm scène. Les esprits sont troublés, les partisans du roi décon- certés ; et d'ailleurs, dans ce moment même, le pouvoir léga\ dans Rome appartient à Junius et à Lucrétius.

Les conjurés se gardent d'assembler le peuple; ils se rendenl au Sénat. Le Sénat prononce que Tarquin est déchu et la royauté abolie. Mais le décret du Sénat doit être confirmé par la cité. Lucrétius, à titre de préfet de la ville, a le droit de convoquer l'assemblée. Les curies se réunissent; elles pensent comme les conjurés; elles prononcent la déposition de Tarquin et la création de deux consuls.

Ce point principal décidé, on baisse le soin de nommer le^ consuls à l'assemblée par centuries. Mais cette assemblée où quelques plébéiens votent ne va-t-elle pas protester contre ce que les patriciens ont fait dans le Sénat et dans les curies?

��1. La famille Junia était patricienne. Dcnjs, iv, 41. Lm Janiai qu'oa reacoaut plut tard dans l'hiitoira sont du plébéiens.

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