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194 LIVRB IV. LES RÉVOLUTIONS.

le voit encore distribuer à des plébéiens quelques terres don^ la revenu avait été affecté jusque-là aux frais d^s sacrifices. Les patriciens l'accusent d'avoir négligé les rites, et même, chose plus grave, de les avoir modifiés et altérés. Aussi meurtr. il comme Romulus; les dieux des patriciens le frappent de la foudre et ses fils avec lui.

Ce coup rend l'autorité au Sénat, qui nomme un roi de son choix. Ancus observe scrupuleusement la religion, fait la guerre le moins qu'il peut et passe sa vie dans les temples. Cher aux patriciens, il meurt dans son lit.

Le cinquième roi est Tarquin, qui a obtenu la royauté malgré le Sénat et par l'appui des classes inférieures. Il est peu religieux, fort incrédule ; il ne faut pas moins qu'un miracle pour le convaincre de la science des augures. Il est l'ennemi des anciennes familles; il crée des patriciens; il altère autant qu'il peut la vieille constitution religieuse de la cité. Tarquir est assassiné.

Le sixième roi s*est emparé de la royauté par surprise ; il semble même que le Sénat ne l'ait jamais reconnu comme roi légitime. Il flatte les classes inférieures, leur distribue des terres, méconnaissant le principe antique du droit de propriété; il leur donne même une place dans l'armée et dans la cité. Servius est égorgé sur les marches du Sénat.

La querelle entre les rois et l'aristocratie prenait le caractère d'une lutte sociale. Les rois-s'attachaient le peuple; des clients et de la plèbe ils se faisaient un appui. Au patriciat si puis- samment organisé ils opposaient les classes inférieures, déjà nombreuses à Rome. L'aristocratie se trouva alors dans un double danger, dont le pire n'était pas d'avoir à plier devant la royauté. Elle voyait se lever derrière elle les classes qu'elle méprisait. Elle voyait se dresser la plèbe, la classo'sans religion et sans foyer. Elle se voyait peut-être attaquée par ses clients, dans l'intérieur même de la famille, dont la constitution le droit, la religion, se' trouvaient discutt^s et mis en péril. Les rois étaient donc pour elle des ennemis odieux qui, pou augmenter leur pouvoir, visaient à bouleverser Torganisatioa sainte de la famille et dé la cité.

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