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268 LIVRE III. LES RÉVOLUTION».

qui défendait d'instruire les jeunes gens sans une autorisation des magistrats, et une autre qui interdisait spécialement d'en- seigner la philosophie ^.

L'homme n'avait pas le choix de ses croyances. Il devait croire et se soumettre à la religion de la cité. On pouvait haïr ou mépriser les dieux de la cité voisine; quant aux divinités d'un caractère général et universel, comme Jupiter Céleste ou Cybèle ou Junon, on était libre d'y croire ou de n'y pas croire. Mais il ne fallait pas qu'on s'avisât de douter d'Athéné Poliade ou d'Érechthée ou de Cécrops. Il y aurait eu là une grande impiété qui eût porté atteinte à la religion et à l'État en même temps, et que l'État eût sévèrement punie, Socrate fut mis à mort pour ce crime*. La liberté de penser à l'égard de la reli- gion de la cité était absolument inconnue chez les anciens. Ii fallait se conformer à toutes les règles du culte, figurer dans toutes les processions, prendre part au repas sacré. La légis- lation athénienne prononçait une peine contre ceux qui s'abs- tenaient de célébrer religieusement une fête nationale *.

Les anciens ne connaissaient donc ni 'a liberté de la vie privée, ni la liberté de l'éducation, ni la liberté religieuse. La personne humaine comptait pour bien peu de chose vis-à-vis de cette autorité sainte et presque divine qu'on appelait la patrie ou l'État. L'État n'avait pas seulement, comme dans nos sociétés modernes, un droit de justice à l'égard des citoyens. Il pouvait frapper sans qu'on fûtcoupable et par cela seul que son intérêt était en jeu. Aristide assurément n'avait commis aucun crime et n'en était même pas soupçonné; mais la cité avait le droit de le chasser de son territoire par ce seul motif qu'Aristide avait acquis par ses vertus trop d'influence et qu'il pouvait devenir dangereux, s'il le voulait. On appelait cela l'ostracisme; cette institution n'était pas particulière è

��i. Xénophon, Mémor., I, 2, Sf. Diogène Laërce, Théophr., c. 5. Ces deui lois >e durèrent pas longtemps : eftes n'en pronvent pas moins quelle omnipotence on reconnaissait à l'État en matière d'nstruction.

2. L'acte d'aceusation portait : 'aâixCI Dun^iTrit «S; <| KiXt^ «sii^d^ci eioO; où vo|i.i(uv (Xénophon, Mémorables, I, l.)tiiii la ^flxf% duriSita;, voyez Plntarque, Périclè* 92; le plaidoyer de Lysias contre Andocide; Pollux, VIII, 90.

». Pollux, VIII, %0. Ulpiea, Sokoi.in Demoth. in Midiam.

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