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CHAP. XVII. LE romain; L ATHÉNIEN. 261

libre penseur, a, au contraire, un singulier respect pour les vieilles traditions et les vieux rites. Sa principale religion, celle qui obtient de lui la dévotion la plus fervente, c'est la religion des ancêtres et des héros. Il a le culte des morts et il les craint. Une de ses lois l'oblige à leur offrir chaque année les prémices de sa récolte; une autre lui défend de prononcer un seul mot qui puisse provoquer leur colère'. Tout ce qui touche à l'antiquité est sacré pour un Athénien. Il a de vieux recueils oii sont consignés ses rites et jamais il ne s'en écarte'; si un prêtre introduisait dans le culte la plus légère innovation, il serait puni de "mort. Les rites les plus bizarres sont observés de siècle en siècle. Un jour de l'année, l'Athénien fait un sa- crifice en l'honneur d'Ariane, et parce qu'on dit que l'amante de Thésée est morte en couches, il faut qu'on imite les cris et les mouvements d'une femme en travail. Il célèbre une autre fête annuelle qu'on appelle Oschophories et qui est comme la pantomime du retour de Thésée dans l'Attique; on couronne le caducée d'un héraut, parce que le héraut de Thésée a cou- ronné son caducée; on pousse un certain cri que l'on suppose que le héraut a poussé, et il se fait une procession où chacun porte le' costume qui était en usage au temps de Thésée. 11 y a un autre jour où l'Athénien ne manque pas de faire bouillir des légumes dans une marmite d'une forme déterminée ; c'est un rite dont l'origine se perd dans une antiquité lointaine, dont on ne connaît plus le sens, mais qu'on renouvelle pieusement chaque année ^.

L'Athénien, comme leBoraain, a des jours néfastes; ces jour»- là, on ne se marie pas, on ne commence aucune entreprise, on ne tient pas d'assemblée, on ne rend pas la justice. Le dix- huitième et le dix-neuvième jour de chaque mois sont em- ployés à des p-uriflcations. Le 'our des Pljfntéries, jour néfaste

1. PluUrqne, Solon, 31.

2. Voyei ce qu'Isocrate dit de la fidélité des ancitres ani vieai rites, Aréopagi- tique, 39-30. Cf. Lysias, adv. Nicomach., 19 : là. U tSv «jpSiuv (ùovyi(. Oémos- thène rappelle aussi le vieux principe qui exige que les sacrifices soient faits sui- vant les rites des anciens sans qu'il y ait riead'omit ai riM d'innoTé (M A^mv- ram^ 7i):

3 TluUrque, TMtée, 30, XI, 23. .

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