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260 LIVRE III. LA CITâ.

La peur des dieux n'était pas un sentiment propre au Ro- aiain ; elle régnait aussi bien dans le cœur d'un Grec. Ces peuples, constitués k l'origine par la religion, nourris et éle- vés par elle, conservèrent très-longtemps la marque de leur éducation première. On connaît les scrupules du Ppartlate, qui ne commence jamais une expédition avant que la lune soit dans son plein *, qui immole sans cesse des victimes pour sa- voir s'il doit combattre et qui renonce aux entreprises les mieux conçues et les plus nécessaires parce qu'un mauvais présage l'effraye. L'Athénien s'éloigne du Romain et du Spartiate par mille traits de caractère et d'esprit ; mais il leur ressemble par la crainte des dieux. Une armée athénienne n'entre jamais en campagne avant le septième jour du mois, et, quand une flotte va prendre la mer, on a grand soin de redorer les sta- tues de Pallas.

Xénophon assure que les Athéniens ont plus de fêtes reli- gieuses qu'aucun autre peuple grec*, o Que de victimes offertes aux dieux, dit Aristophane*, que de temples 1 que de statues 1 que de processions sacrées ! A tout moment de l'année on voit des festins religieux et des victimes couronnées. » « C'est nous, dit Platon, qui offrons les plus nombreux sacrifices et qui faisons pour les dieux les processions les plus brillantes et les plus saintes*. » La ville d'Athènes et son territoire sont couverts de temples et de chapelles; il y en a pour le culte de la cité, pour le culte des tribus et des dèmes, pour le culte des familles. Chaque maison est elle-même un temple et pres- que dans chaque champ il y a un tombeau sacré.

L'Athénien qu'on se figure si inconstant, si capricieux, si

��1. Hérodote, VI, 106 : « A la nourelle du débarquement des Perses, il plut ,i'iv Bpartiat«s de secourir les Athéniens; mais il leur était impossible do le faire sui- te champ; ils ne voulaient pas violer la règle (ibv vôjiov, la règle religieuse; , nr direBt qu'ils ne se mettraient en campagne que le jour où la lune serait dans eou pti'io. * L'historien ne dit pas que ce fût là un prétexte. Nous devons juger la»

cisns d'après leurs idées et non d'après les nôtres.

2. XénophoD, Resp. alh., III, 2. Sophocle dit qu'Athènes est la pluK pu-us.- dis aiiaés (Œdipe à Colone, 1007), Pausanias remarque, 1,24, queles AthéDie»::' Uî.mi

plus «ttentifa que les autres peuples i ee qui concernait le culte des dieu. t. Aristophane, Nuéet. i. nstoD, Aioibiadô, II, p. i4è.

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