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CHAP. XV. RELATIONS ENTRE CITÉS. 247

et Hercule n'en est pas un*». Avec de telles idées, il était nécessaire que dans un traité de paix, chaque cité prît ses propres dieux à témoin de ses serments, a Nous avons fait un traité et versé les libations, disent lesPlatéens aux Spartiates, nous avons attesté, vous les dieux de vos pères, nous les dieux qui occupent notre pays*. » On cherchait bien à invoquer, s'il était possible, des divinités qui fussent communes aux deux villes. On jurait par ces dieux qui sont visibles à tous, le Soleil qui éclaire tout, la Terre nourricière. Mais les dieux de chaque cité et ses héros protecteurs touchaient bien plus les hommes, et il fallait que les contractants les prissent à témoin, si l'on voulait qu'ils fussent véritablement liés par la religion.

De même que pendant la guerre les dieux s'étaient mêlés aux combattants, ils devaient aussi être compris dans letraité. On stipulait donc qu'il y aurait alliance entre les dieux comme entre les hommes des deux villes. Pour marquer cette alliance des dieux, il arrivait quelquefois que les deux peuples s'aut o- risaient mutuellement à assister à leurs fêtes sacrées '. Quelquefois ils s'ouvraient réciproquement leurs temples et faisaient un échange de rites religieux. Rome stipula un jour que la divinité de la ville de Lanuvium protégerait dorénavant les Romains, qui auraient le droit de la prier et d'entrer dans son temple*. Souvent chacune des deux parties contractantes s'engageait à offrir un culte aux divinités de l'autre. Ainsi les Eléens, ayaht conclu un traité avec les Étoliens, offrirent dans la suite un sacrifice annuel aux héroa de leurs alliés*. Parfois encore deux villes convenaient que chacune d'elles insérerait le nom de l'autre dans ses prières^. •

Il était fréquent qu'à la suite d'une alliance on représentât par des statues ou des médailles les dlTinités des deux villes

��1. Cicéron, De nat. Deorum, III, 19.

2. Thucydide, II, 71.

J. Idem, V, 23. Plutarque, Thésée, 25, 33.

4. Titc-Live, VIII, 14.

i. Pausanias, V, 15, 12.

6. Ainsi, Athènes priait pour Ghios et réciproqnament. Voy. Aristophant, Oi .eaux, y. 880, et un curieui fragment Je Tbéopompe, cité par le 8choiia«t« swr même vers.

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