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244 LIVRE III. LA-ClTfi.

on la faisait aux champs et aux moissons. On brûlait les man sons, on abattait les arbres; la récolte de l'ennemi était pres- que toujours dévouée aux dieux infernaux et par conséquent brûlée*. On exterminait les bestiaux; on détruisait même les semis qui auraient pu produire l'année suivante. Une guerre pouvait faire disparaître d'un seul coup le nom et la race de tout un peuple et transformer une contrée fertile en un désert. C'est en vertu de ce droit de la guerre que Rome a étendu la solitude autour d'elle ; du territoire où les Volsques avaient vingt-trois cités, elle a fait les marais pontins ; les cinquante- trois villes du Latium ont disparu ; dans le Samnium on put longtemps reconnaître les lieux où les armées romaines avaient passé, moins aux vestiges de leurs camps qu'à la solitude qui régnait aux environs*.

Quand le vainqueur n'exterminait pas les vaincus, il avait le droit de supprimer leur cité, c'est-à-dire de briser leur association religieuse et politique. Alors les cultes cessaient et les dieux étaient oubliés'. Xa religion de la cité étant abattue, la religion de chaque famille disparaissait en même temps. Los foyers s'éteignaient. Avec le culte tombaient les lois, le droit civil, la famille, la propriété, tout ce qui s'étayait sur la religion*. Écoutons le vaincu à qui l'on fait grâce de la vie ;

��1. "Tite-Live, VI, 31 ; Vil, 22 : Cum agria magis qucun cum homintbus urendo populandoque gesserunt bella.

2. Tite-Live, II, 34; X, 15. Pline, Hitl. nat., XXXV, 12.

3. Euripide, Troyennes, 25-28 : vosiTtà t5v O^tSv oiSi Tt|x5ffO«i JAn. Quelquefois te yaiaqueur emportait les dieux chez lui. D'autres fois, s'il s'établissait sur la ter re conquise, il s'arrogeait comme un droit le soin de continuer le culte aux dieux ou aux héros du pays. Tite-Lire rapporte que lea Romains, maîtres de LanuTium, « lui rendirent ses cultes i, preuve que par le seul fait de la conquête il les lui avaient enlevés ; ils mirent seulement cette condition qu'ils auraient le droit d'en- trer dans le temple de Juno Lanuvina (Tite-Live, VIII, 14).

4. Les vaincus perdaient le droit de propriété sur leurs terres. Thucydide, 1,98 ; III, 50; III, 58. Plutarque, Périclès, 11. — Siculus Flaccus, De cond. agror., dans les Gromatici, édit. Lachmann, p. 138 : BelLis gestis victore* populi terras omnes ex quibus victos ejecenmt publicavere. Siculus Flaccus, p. 136 : Ut vero Hornani omnium gentium poiiti swnt, agros ex hoste caplos in victorem po- fulum partiti sunl. Cicéron, in Verrem, If, Ui, 8; De lege agraria, I, 2; II, 15. Appien, Guerres dvUtê, l, 7. C'est en vertu de eeu' ""^cipe que le solum pro- vinciale appartenait en droit an peuple rowain ; Gaïu»" ; : In j^rovinciatt ^o^'^ domintum pofy»\i rotwiM «st

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