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CHAP. II. LE CULTE DES MORTS. 17

portaient-ils l'inscription sacramentelle Dis Manibut, et en grec eeofç y^Qo-tloii. C'était là que le dieu vivait enseveli, Mânes- que sepulti, dit Virgile'. Devant le tombeau il y avait un autel pour les sacrifices, corpme devant les temples des dieux*.

On trouve ce culte des morts chez les Hellènes, chez les La- tins, chez les Sabins', chez les Étrusques; on le trouve aussi chez les Aryas de l'Inde. Les hymnes du Rig-Véda en font mention. Le livre des Lois de Manou parle de ce culte comme du plus ancien que les hommes aient eu. Déjà l'on voit dans ce livre que l'idée de la métempsycose a passé par-dessus cette vieille croyance ; déjà même auparavant, la religion de Brahma s'était établie, et pourtant, sous le culte de Brahma, sous la doctrine de la métempsycose, la religion des âmes des ancêtres subsiste encore, vivante et indestructible, et elle force le rédac- teur des Lois de Manou à tenir compte d'elle et à admettre encore ses prescriptions dans le livre sacré. Ce n'est pas la moindre singularité de ce livre si bizarre que d'avoir conservé les règles relatives à ces antiques croyances, tandis qu'il est évidemment rédigé à une époque où des croyances tout oppo- sées avaient pris le dessus. Cela pjouve que s'il faut beaucoup de temps pour que les croyances humaines se transforment, il en faut encore bien davantage pour que les pratiques exté- rieures et les lois se modifient. Aujourd'hui même, après tant de siècles et de révolutions, les Hindous continuent à faire aux ancêtres leurs offrandes. Ces idées et ces rites sont ce qu'il y a de plus vieux dans la race indo-européenne, et sont aussi ce qu'il y a eu de plus persistant.

Ce culte était le même dans l'Inde qu'en Grèce et en Italie.

J.Virgile, Én.,'l'V, 34.

2. Euripide, Troyenn^ê, 96 : t4iaÇouî l'Upà t6v xu^»*»'»- Electre, &05-510. ■—Virgile, En., VI, 177: Aramque sepulcri; III, 63 ; Slant Manibua arœ: m, 305 : Et gemina», causam lacrymit, êO^averat arat ; V, 48 : Divini ossa parentis condidimui terra nwestasque $acravimut aras. Le grammairien NoDins Marcellus dit que le sépulcre s'appelait un temple chez les anciens, «t en effet Virgile emploie le mot templum pour ^ signer le tombeau oo cénotaphe que Didon a élevé i son époui (Enéide, IV, 457). — Plntarque, Quest. ron}., i4 lici t6v Yâf«* imrrpifoviai, latàvip ItOv Upà TiiiOm; tk rSn nati^oiv ^vi|(iaT«.' — On continua k appeler ara la pierre éleTée sur le tombeas (Suétone, Néron, 5o). C ■tôt est employé dans les inscriptions funéraires, OrclU, b** 4&21, kSTU, 48S(b

J. Varron, De (ingnalat., V, 74.

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