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CHAP. XI. LA LOI. 22?

Royales par les Douze Tables. La pierre où la loi était gravée était inviolable ; tout au plus les moins scrupuleux se croyaient- ils permis de la retourner. Ce principe a été la cause prin- cipale de la grande confusion qui se remarque dans le droit ancien. Des lois opposées et de différentes époques s'y trou- vaient réunies; et toutes avaient droit au respect. On voit dans un plaidoyer d'Isée deux hommes se disputer un héri- tage; chacun d'eux allègue une loi en sa faveur; les deux lois sont absolument contraires et également sacrées. C'est ainsi que le Gode de Manou garde l'ancienne loi qui établit le droit d'aînesse, et en écrit une autre à côté aui prescrit le partage égal entre les frères.

La loi antique n'a jamais de considérants. Pourquoi ea aurait-elle? Elle n'est pas tenue de donner ses raisons ; elle est, parce que les dieux l'ont faite. Elle ne se discute pas, elle s'impose ; elle est une œuvre d'autorité ; les hommes lui obéis-

rnt parce qu'ils ont foi en elle. Pendant de longues générations, les lois n'étaient pas écri- tes ; elles se transmettaient de père en fils, avec la croyance et la formule de prière. Elles étaient une tradition sacrée qui se perpétuait autour du foyer de la famille ou du foyer de la cité.

Le jour où l'on a commencé à les mettre en écrit, c'est dans les livres sacrés qu'on les a consignées, dans les rituels, au milieu des prières et des cérémonies. Varron cite une loi an- cienne de la vilîe de Tusculum et il ajoute qu'il l'a lue dans les livres sacrés de cette ville*. Denys d'Halicarnasse, qui avait consulté les documents originaux, dit qu'à Rome, avant l'époque des Décemvirs, le peu qu'il y avait de lois écrites se trouvait dans les livres sacrés •. Plus tard, la loi est sortie des rituels; on l'a écrite à part; mais l'usage a continué de la déposer dans un temple, et les prêtres en ont conservé la garde. )

Écrites ou non, ces lois étaient toujours formulées en anèts

��J. Virron. De Ung lot., VI, 16.

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