Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAP. X. LE MAGISTRAT. 217

Rome avaient désigné l'archonte ou le consul, il y avait une sorte d'épreuve par laquelle on examinait le mérite du nouvel élu'. Mais cela même va nous montrer ce que la cité souhaitait trouver dans son magistrat; elle ne cherchait pas l'homme le plus courageux à la guerre, le plus habile ou le plus juste dans la paix, mais le plus aimé des dieux.; En effet, le sénat athénien demandait au nouvel élu s'il possédait un dieu domestique*, s'il faisait partie d'une phratrie, sHl avait un tombeau de famille et s'il remplissait tous ses devoirs envers les morts'. Pourquoi ces questions? c'est que celui qui n'avait pas de culte de famille ne devait pas avoir part au culte national et n'était pas apte à faire les sacrifices au nom de la cité. Celui qui négligeait le culte de ses morts était exposé à leurs redoutables colères et était poursuivi par des ennemis invisibles. La cité aurait été bien téméraire de confier sa fortune à un tel homme. Elle voulait que le nouveau magistrat fût, suivant l'expression de Platon, d'une famille purel. C'est que, si l'un de ses ancêtres avait commis un de ces actes qui blessaient la religion, le foyer de la famille était à jamais souillé et les descendants étaient détestés des dieux. Telles étaient les principales ques- tions que l'on adressait à celui qui allait être magistrat. II semblait qu'on ne se préoccupât ni de son caractère ni de son intelligence. On tenait surtout à s'assurer qu'il était apte h remplir les fonctions sacerdotales, et que la religion de la cité ne serait pas compromise dans ses mains. ) Cette sorte d'examen paraît avoir été aussi en usage à Rome.

1. Aoiii)iai>(a OU ivàx^tvi; i^/ôrcuv. Les diverses questions qui étaient posées dans xi examen se trouvent énumérées dans Dinarque, in Aristogitonem, 17-18, et dans Pollux, VIII, 85-86. Cf. Lycurgue, fragment 24 et Harpocralion, v»i(f»iioç.

2. E! f çàxoft; ttv\v aùxtjS xa\ ^û)ioi A(o; î^xdou xa.\ 'Âit6X\uvo; nai^you (Dinarque, dans HarpOCratioa). — Et 'ÂitôUwv l(n\t a&xoT; itaT^fo; %a.\ Zt&; Yfxio; (PoUux, Vin, 85).

3. El ^piaKBtfÇa l<rci (Dioarque, in Aristog., 17-18). Ou demandait aussi à l'ar- chonte s'il avait fait toutes les campagnes pour lesquelles il avait été commande et s'il avait payé tous les impôts.

k. Platon, Lois, VI, p. 759 : <>< Ixi |iid)iiSTa Is xSv xaOa^iuoucriôv otvi^Ttuv. — Pour

des raisons analogues, on écartait de l'arcbontat tout homme infirme ou diiïorme (Lysias, De invalido, 13). C'est qu'un défaut corporel, signe de la malveillance des dieux, rendait un homme indigne d« remplir aucua aacerdoca, «t, par coaséquent, <l'exarc«r aucune magistratur*.

�� �