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CHAP. VIII. LES RITUELS ET LES ANNALES. 197

sénat de Rome dégradait ses consuls et ses dictateurs qui avaient commis quelque erreur dans un sacrifice.

Toutes ces formules et ces pratiques avaient été léguées par les ancêtres qui en avaient éprouvé l'efficacité. Il n'y avait pas à innover. On devait se reposer sur. ce que ces ancêtres avaient fait, et la suprême piété consistait à faire comme eux. Il im- portait assez peu que la croyance changeât : elle pouvait se mo- difier librement à travers les âges et prendre mille formes diverses, au gré de la réflexion des sages ou de l'imagination populaire. Mais il était de la plus grande importance que les formules ne tombassent pas en oubli et que les rites ne fus sent pas modifiés. Aussi chaquecité avait-elle un livre où toui cela était conservé.

L'usage des livres sacrés était universel chez les Grecs, chez les Romains, chez les Étrusques'. Quelquefois le rituel était écrit sur des tablettes de bois; quelquefois sur la toile ; Athènes gravait ses rites sur des tables de cuivre ou sur des stèles de pierre, afin qu'ils fussent impérissables*. Rome avait ses livre» des pontifes, ses livres des augures, son livre des cérémonies, et son recueil des Indigilamenta. Il n'y avait pas de ville qui n'eût aussi une colleclion de vieux hymnes en l'honneur de ses dieux' ; en vain la langue changeait avec les mœurs et les croyances ; les paroles et le rhythme restaient immuables et dans les fêtes on continuait à chanter ces hymnes sans les comprendre.

Ces livres et ces chants, écrits par les prêtres, étaient gar- dés par eux avec un très-grand soin. On ne les montrait jamais aux étrangers. Révéler un rite ou une formule c'eût été tra- hir la religion de la cité et livrer ses dieux à l'ennemi. Pouf

1. Pausanias, IV, 27. PIntarque, contre Coloths, 17. Pline, H. N., XIII, 21. Va- lère- Maxime, I, 1, 3. Vairon, L. L., VI, 16. Censorinus, 17. Festns, y Rituales.

2. RoUm, Vin, 128 : *Atoi laXtaX, al, r.sav T.i.\<in lvTtTuit«}i<voi oî vôjioi oî it«ç\ t3« 

Mo3» «al t5» iiaTf(«i». On sail que l'une des significations les plus anciennes du oot vôitoç est celle de rite ou règle religieuse. — Lysias, in Nicomachum, 17:

(çJ) Jûiiv Tàç J'jfria; -tôtç 1% t3v «ufSfuv xal tSv irr-riXiùy rata, tàç àvaypo»4{.

3. Athénée, XIV, 68, cite les hymnes antiques d'Athènes ; Élien, II, 39, ceux des Cretois; Pindare, Pylhiq., V, 134, ceux de Cyrène; PluUrque, TMtée, 1 S, ceux les Bottiéens; Tacite, Ann., IV, 43, les vatwm oarmina qae conserTuent les Spartiates et les Messéniens.

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