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19S LIVRE III. LA CITÉ.

elle un foyer sur lequel on entretenait nuit et jour le feu sacré *. Une armée romaine était accompagnée d'augures et do puUai- res; toute armée grecque avait un devin

Regardons une armée romaine au moment où elle se dispose au combat. Le consul fait amener une victime et la frappe de la hache ; elle tombe : ses entrailles doivent indiquer la vo- lonté des dieux. Un aruspice les examine, et, si les signes sont favorables, le consul donne le signal de la bataille. Les dispo- sitions les plus habiles, les circonstances les plus heureuses ne servent de rien, si les dieux ne permettent pas le combat. Le fond de l'art militaire chez les Romains était de n'^être jamais obligé de combattre malgré soi, quand les dieux étaient con- traires. C'est pour cela qu'ils faisaient de leur camp, chaque jour, une sorte de citadelle.

Regardons maintenant une armée grecque, et prenons pour exemple la bataille de Platée. Les Spartiates sont rangés en ligne, chacun à son poste de combat; ils ont tous une couronne sur la tête, et les joueurs d« flûte font entendre les hymnes religieux. Le roi, un peu en arrière des rangs, égorge les vic- times. Mais les entrailles ne donnent pas les signes favorables, et il faut recommencer le sacrifice. Deux, trois, quatre victi- mes sont successivement immolées. Pendant ce temps, la ca- valerie perse approche, lance ses flèches, tue un assez grand nombre de Spartiates. Les Spartiates restent immobiles, le bouclier posé k leurs pieds, sans même se mettre en défense contre les coups de Tennemi. Ils attendent le signal des dieux. Enfin les victimes présentent les signes favorables : alors les Spartiates relèvent leurs boucliers, mettent l'épée à la main, combattent et sont vainqueurs '.

Après chaque victoire on offrait un sacrifice; c'est là l'origine

1. Hérodote, IX, 19. Xénophon, Resp. Lac., 13. Plutarque, Lycurgue, 33. A U tète de toute armée grecque marchait un itù^fojio; portaat le feu sacré (Xénoph., Resp. Lac., 13 : Hérod., VIII, 6 ; Pollux, 1, 35 ; Hésychius, v» aûj^oj»?)- De même dans oa camp romain il y avait toujours uo foyer allumé (Denys, IX, 6). Les Étrusques aussi portaient un foyer dans leurs armées (Plutarque, Publicola, 17); Tite-Live, 11, 12, montre aussi un accensus ad sacrificium foculuê, S}Ua lui- 3ième avait un foyer devant sa tente (Juiius Obsequent, lid).

». Hérodote, IX, ei-«3.

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