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CHAP. VII. LA RELIGI01« DB LA CITÉ. 181

A Toir comment les choses se passaient dans ces repas, on reconnaît bien une cérémonie religieuse. Chaque convive avait une couronne sur la tête ; c'était en effet un antique usage de se couronner de feuilles ou de fleurs chaque fois qu'on accom- plissait un acte solennel de la religion. « Plus on est paré de fleurs, disait-on, et plus on est sûr de plaire aux dieux ; mais, si tu sacrifies sans avoir une couronne, ils se détournent de toi b'. — « Une couronne, disait-on encore, est la messagère d'heureux augure que la prière envoie devant elle vers les dieux »*. Les convives, pour la même raison, étaient vêtus de robes blanches : le blanc était la couleur sacrée chez les an- ciens, celle qui plaisait aux dieux •.

Le repas commençait invariablement par une prière et des libations; on chantait des hymnes*. La nature des mets et l'espèce de vin qu'on devait servir étaient réglées par le rituel de chaque cité. S'écarter en quoi que ce fût de l'usage suivi par les ancêtres, présenter un plat nouveau ou altérer le rhythme des hymnes sacrés, était une impiété grave dont la cité entière eût été responsable envers ses dieux. La religion allait jusqu'à fixer la nature des vases qui devaient être em- ployés, soit pour la cuisson des aliments, soit pour le service de la table. Dans telle ville, il fallait que le pain fût placé dans des corbeilles de cuivre; dans telle autre, on ne devait employer que des vases de terre. La farme même des pains était immuablement fixée*. Ces règles de la vieille religion ne cessèrent jamais d'être observées, et les repas sacrés gardèrent toujours leur simplicité primitive. Croyances, mœurs, état so- cial, tout changea; ces repas demeurèrent invariables. Car les Grecs furent toujours très-scruuuleux observateurs de leur religion nationale.

1. Fragment de Sapho, dans Alhénée, XV, 1$.

2. Fragment de Chaerémon, dans Athénée, XV, 19.

3. Platon, LoU, XII, 956. Gicéron, De legib., II, 18. Virgile, V, 70, 774; VIT, 135; VIII, 274. De même chez les Hindous, dans les actes religieux, il fallait por- ter une couronue et être vêtu de blanc. Lois de Manou, IV, 66, 72.

4. Hermias, dans Athénée, IV, 32 : tour iip»«i^puKo; tàj ««TfCouî (fix*f ■•isUt»»-

5. Vojei les aatenrs cit^ par Athénée, I, &• ; IV, 31 et >2; XI, 66.

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