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CUAP. VI. LES DIEUX DE LA CITÉ. 171

Dous avons VU que ces créations de l'intelligence humaine avaient eu longtemps le caractère de divinités domestiques ou locales. On ne conçut pas d'abord ces dieux comme veillant sur le genre humain tout entier ; on crut que chacun d'eux appartenait en propre à une famille ou à une cité.

Ainsi il était d'usage que chaque cité, sans compter ses héros, eût encore un Jupiter, une Minerve ou quelque autre divinité qu'elle avait associée à ses premiers pénates et à son foyer. Il y avait en Grèce et en Italie une foule de divinités poliades. Chaque ville avait ses dieux qui l'habitaient*.

Les noms de beaucoup de ces divinités sont oubliés ; c'est par hasard qu'on a conservé le souvenir du dieu Satrapes, qui appartenait à la ville d'Élis, de la déesse Dindymène k Thèbes, de Soteira à ^Eginm, de Britomartis en Crète, de Fîyblaea à Hybla. Les noms de Zeus, Athéné, Héra, Jupiter, Minerve, Neptune, nous sont plus" connus, et nous savons qu'ils étaient souvent appliqués à ces divinités poliades. Mais de ce que deux villes donnaient à leur dieu le même nom, gardons-nous de conclure qu'elles adoraient le même dieu ; il y avait une Athéné à Athènes et il y en avait une à Sparte; c'étaient deux déesses '. Un grand nombre de cités avaient un Jupiter pour divinité poliade; c'étaient autant de Jupiters qu'il y avait de villes. Dans la légende de la guerre de Troie on voit une Pallas qui combat pour les Grecs, et il y a chez les Troyens une autre Pallas qui reçoit un culte et qui protège ses adorateurs*. Dira-t-on que c'était la même divinité qui figurait dans les deux armées? Non certes; car les anciens

1. Oa appelait ces dieux UvX «oXUu (Poilus, IX, 40), icoXisO^oi (Eschyle, Sept., 109), «olltai (Eschyle, ibid., 253), à<rtivo|Jioi (l'Eschyle, Agam,., 88). — Us exerçaient une protection spéciale sur la ville; Vitruve, l, 7 : Quorum deorum in tutela civitas videlur esse. Macrobe, III, 9 : Constat omnes urbcs in alicujus Dei essê iutela. Hésychius : «oltoû^^ok, si tî)» n4Xiv «rûïovTtî xvX ol âjiovTtç aùt^ç. Virgile ex- prime cette même idée : Di patrii, quorum semper sub numine Troja est (IX, 246). La nécessité pour toute ville nouvelle de se dnriDor d'abord une divinité poliade est marquée dans Ai'istophane, Aves, v. 826 : tU ia\ ttoc «oXioCxû< iara,, — Ces divinités tiabilaienl la contrée, la possédaient; Démosthène, Pro corona, t41 : 4eol ôdsi Ti)v léfif iip\><n -ci^t 'AnLxi^y. Flutarquo, Aristide, ig : Uo\ »\ t^ jiaTKiîia t^oun. Lycurgue, m Leocratem, %6 : 'At^vi* t^» x^«v tU^x"'***

3. Thucyd., I, itï; Paasaniaa, 01, il.

^ mode, VI, tt

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