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^.4 Ad, III. LA CITÉ.

De même que le culte du foyer domestique était secret et que la famille seule avait droit d'y prendre part, de même le culte du foyer public était caché aux étrangers. Nul, s'il n'était citoyen, ne pouvait assister aux sacrifices. Le seul regard de 5'étrariger souillait l'acte religieux'.

Cliaque cité avait des dieux qui n'appartenaient qu'à elle. Ces dieux étaient ordinairement de même nature que ceux de la re- ligion primitive des familles. Comme eux, on les appelait Lares, Pénates, Génies, Démons, Héros*; sous tous ces noms, c'é- taient des âmes humaines divinisées par la mort. Car nous avons, vu que, dans la race indo-européenne, l'homme avait eu d'abord le culte de la force invisible et immortelle qu'il sen- tait en lui. Ces Génies ou ces Héros étaient la plupart du temps les ancêtres du peuple ». Les corps étaient ent_errés soit dans la ville même, soit sur son territoire, et comme, d'après les croyances que nous avons montrées plus haut, l'âme ne quittait pas le corps, il en résultait que ces morts divins étaient attachés au sol où leurs ossements étaient enterrés. Du fond do leurs tombeaux ils veillaient sur la cité; ils proté- geaient le pays, et ils en étaient en quelque sorte les chefs et les maîtres. Cette expression de chefs du pays, appliquée aux morts, se trouve dans un oracle adressé par la Pythie à Selon : « Honore d'un culte les chefs du pays, les morts qui habitent sous terre* ». Ces opinions' venaient de la' très-grande puis- sance que les anti(][ues générations avaient attribuée à l'âme

��t. Iifi Am^f^ài dHa-ca, Oij^a, Plutarque, Nw.%a, 9; Camille, 20; Deays d'Ha- Rc, ÎI, 66- Virgile, Enéide, (il, 408. Pausanias, V, 15. Appien, 0. civ., I, 54.

2. Penate» publici (Tile-feîTe, lU, il); Lares publici (Pline, H. n., XXI, 3, 8). Et vigilant noitra semper in urfea Lares (Ovide, Fastes, II, 616). Gicéron, Pro Sextio, 20 : Te,patria, tettor, et vos. Pénates palriique dix. Macrobe, So^um., lU, 4 : /)« diis Romanorum pr<^rii8, id est, Penatib\iS. Servius, ad /En., U, 151 : Genio }irbis Ronue.

3. Plutarque, Aristide, 11 : «l |Uv |àf ifut^, «Iç l«il«u« lOny, dpx^T'^<" [ftatai**!» iiaav. -:- Sophocle, Antigone, 199 : Tt« ntnfiammX tim^ Tov^ i'fY«vti<. Ces dieux soni ■ouveot appelés t«i)iov>f i^iifun. Comparer, chu les Latins, les dit indigetes (Ser- Tius, ad j€n., XII, 794 ; Aulu-Gelle, II, 16).

4. Plutarque, Solon, 9 : dpjiifoùf X?<'< luoiai« ^^uot ivoUou; Uaao, ot f9i|itvoi iif

Mvîoit (< i^Aiev t6vavT«. Ces derniers mots fout allasion à l'usage qu'araient les Athéniens d'eolerrer 1m morts en les tournant vers le soleil couchant (Plutarque, âoion, 10)<

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