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CHAP. VI. LES DIEUX DE LA CITÉ. 167

de la cité était attaché à ce foyer qui représentait leurs dieux '. Le respect qu'on portait aux Vestales prouve l'importance de leur sacerdoce *. Si un consul en rencontrait une sur son pas- sage, il faisait abaisser ses faisceaux devant elle. En revanche, si l'une d'elles laissait le feu s'éteindre ou souillait le culte en manquant à son devoir de chasteté, la ville, qui se croyait alors menacée de perdre ses dieux, se vengeait sur la Vestale en l'enterrant toute vive».

Un jour, le temple de Vesta failîit être brûlé dans un ia^ cendie dos maisons environnantes, Rome fut en alarmes, car elle sentit tout son avenir en péril. Le danger passé, le Sé- nat prescrivit au consul de rechercher les auteurs de l'incendie, et le consul porta aussitôt ses accusations contre quelques habitants de Capoue qui se trouvaient alors à Rome. Ce n'était pas qu'il eût aucune preuve contre eux, mais il faisait ce raisonnement ; a Un incendie a menacé notre foyer; cet in- cendie qui devait briser notre grandeur et arrêter nos desti- nées n'a pu être allumé que par la main de nos plus cruels ennemis. Or nous n'en avons pas de plus acharnés que les habitants de Capoue, cette ville qui est présentement l'alliée d'Annibal et qui aspire à être à notre place la capitale de l'Italie. Ce sont donc ces hommes-là qui ont voulu détruire notre temple de Vesta, notre foyer éternel, ce gage et ce garant de notre grandeur future »*. Ainsi un consul, sous l'empire de ses idées religieuses, croyait que les ennemis de Rome n'a- vaient pas pu trouver de moyen plus sûr de la vaincre que de détruire son foyer. Nous voyons là les croyances des anciens; le foyer public était le sanctuaire de la cité-, c'était ce qui l'avait fait naître et ce qui la conservait.

1. Tite-Live, XXVI, 27 : Conditum in penelrali fatale pigiius romani impo- rii. Cicéron, Philippiquea, XI, 10 : Quo salvo salvi sunius futuri.

2. Virgine» sanotse (Horace, Odes, I, 2, 27), êanctisaimum gacerdolium 'Ci- eéron, Pro domo, 53). Cf. Cic, Pro Ponleio, 2o.

3. Tite-Liïe, XXVIII, u. Feslus, p. 106 : Ignis Ventw si quando inler êlinctus M«et, virgines verberibus af/iciebanlur a ponlifice. Le feu ne poutait *tre ral- lumé que par un procédé antique el religieux : Mos erat labulam felicis tnatei-iœ tamdiu lerebrave qxwusqtu ignem eribro sneo xrirgo in mdem fcrrei tFoslus, ihidem).

k. Til^Lire, XXVI. «.

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