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166 LIVRE lu. LA CITÉ.

CHAPITRE VI. X«es dieux de la oitè.

n ne faut pas perdre de vue que, dans les anciens âges, ce qui faisait le lien de toute société, c'était un culte. De même qu'un autel domestique tenait groupés autour de lui les membres d'une famille, de même la cité était la réunion de ceux qui avaient les mêmes dieux protecteurs et qui accom- plissaient l'acte religieux au même autel.

Cet autel de la cité était renfermé dans l'enceinte dh\n bâti- ment que les Grecs appelaient prytanée* et que les RomaiDS appelaient temple de Vesta*.

Il n'y avait rien de plus sacré dans une ville que cet autel, sur lequel le feu sacré était toujours entretenu. Il est vrai que cette grande vénération s'affaiblit de bonne heure en Grèce, parce que l'imagination grecque se laissa entraîner du côté des plus beaux temples, des plus riches légendes et des plus belles statues. Mais elle ne s'affaiblit jamais à Rome. Les Romains ne cessèrent pas d'être convaincus que le destin

1. Le prytanée était, avant tout, le bâtiment qui contenait le foyer. Pollux, I, 7 :

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Tw. Pausanias, V, 15, 5 : tv oùxo xû itfjtavtlui, oixima Ma i^ tsrî*. Denys d'Hali- earnasse, II, 23, dit que dans les Prytanées des Grecs se trouvait le foyer commun des phratries, ûsitif tv t^jT.; IXXijvixoïînpuTayeloKioxia xoivii tmv çf axf tûv. Cf. Scholiaste de Pindare, Néméennes, XI; Scholiaste de Thucydide, II, 15. — Il y avait un pry- tanée dans toute ville grecque ; à Athènes (Thucyd., II, 15 ; Pausanias, I, 18); à Si- eyone (Hérod., V, 67); à Mégare (Pausan., I, 43); à Hermione (Pausan., II, 35); à Élis (Pausan., V, 15); à Siphnos (Hérod., III, 57); chez les Achéens Phthiotes (Hérod., VII, 197); à Rhodes (Polybe, XXIX, 5); à Mantinée (Pausan., VIII, 9); à Thasoa (Athénée, I, 58) ; à Mitylène 'Athénée, X, 24) ; à Gyzique (Tite-Live, XLI, 20) ; à Naucratis (Athénée, IV, 32); à Syracuse (Gicéron, in Verrem, De signie, 53),iet jusque dans les îles de Lipari qu'habitait la race grecque (Diodore, XX, ici). — Denys d'Halicarnasse dit qu'on ne regardait pas comoïc possible de fonder une villa •ans établir d'abord le foyer commun (II, 65). Il y avait à Sparte une prêtresse qui portait le titre de laxiaitoXnu; (Bœckh, Corp inscr. gr., t. I, p. 610).

3. A Rome, le temple de Vesta n'était pas autre chose que le foyer sacré de la ïille. Cicéron, De legibus, il, 8 : VirginesVestales cuslodiunto ignem foci pu- blici sempilernum. Ibid., Il, 12 : Vcsta gtiasi fucus urbis. Ovide, Fastes, VI, ï91 : Neo tu aHud Veslain quam vi«am intellige flammam.

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