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Ikk LIVKE Ml. LA GÎTÉ.

rien n'était changé en elle, ni son culte, ni son sacerdoce, aà son droit de propriété, ni sa justice intérieure. Des curies s'associaient ensuite, mais chacune gardait son culte, ses réunions, ses fêtes, son chef. De la tribu on passa à la cité, mais les tribus ne furent pas pour cela dissoutes, et chacune d'elles continua à former un corps, à peu près comme si lac»té n'existait pas. En religion il subsista une multitude de petits cultes au-dessus desquels s'établit un culte commun ; en poli- tique, une foule de petits gouvernements continuèrent à fonc- tionner, et au-dessus d'eux un gouvernement commun s'éleva.

La cité était une confédération. C'est pour cela qu'elle fut obligée, au moins pendant plusieurs siècles, de respecter l'indépendance religieuse et civile des tribus, des curies et des familles, et qu'elle n'eut pas d'abord le droit d'intervenir dans les affaires particulières de chacun de ces petits corps. Elle n'avait rien à voir dans l'intérieur d'une famille ; elle n'était pas juge de ce qui s'y passait ; elle laissait au père le droit et le devoir de juger sa femme, son fils, son client. C'est pour cette raison que le droit privé, qui avait été fixé à l'époque de l'isolement des familles, a pu subsister dans les cités et n'a été modifié que fort tard.

Ce mode d'enfantement des cités anciennes est attesté par des usages qui ont duré fort longtemps. Si nous regardons l'armée de la cité, dans les premiers temps, nous la trouvons distribuée en tribus, en curies, en familles*, «de telle sorte, dit un ancien, que le guerrier ait pour voisin dans le combat celui avec qui, en temps de paix, il fait la libation et le sacri- fice au même autel* ». Si nous regardons le peuple assemblé, dans les premiers siècles de Rome, il vote par curies et par gentes*. Si nous regardons le culte, nous voyons à Rome six Vestales, deux pour chaque tribu ; à Athènes, l'archonte fait la plupart des sacrifices au nom de la cité entière, mais il reste

��1. Homère, Iliade, H, 362. Varron, De ling. tôt., V, 80. L'usage rabsicU à Athènes de ranger les soldats par tribus et par dèmes : HérodoU, VI, tli ; IsM, de Meneclis hered., 42; Lysias, pro ManiUheo, 15.

2. Denya d'Halicarnasse, Q, 3S.

3. AHla-G«Ue, XV, 97.

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