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13i LIVRE III. LA CITÉ.

unique, incomparable, infini, du moins il devait se rapprocher insensiblement de cet idéal en agrandissant d'âge en âge sa conception et en reculant peu à peu l'horizon dont la ligne sépare pour lui l'Être divin des choses ds la terre.

L'idée religieuse et a société humaine allaient donc grandir en même temps.

La religion domestique défendait à deux familles de se mêler et de se fondre ensemble. Mais il était possible que plusieurs familles, sans rien sacrifier de leur religion particulière, s'unissent du moins pour la célébration d'un autre culte qui leur fût commun. C'est ce qui arriva. Un certain nombre de familles formèrent un groupe, que la langue grecque appelait une phratrie, la langue latine une curie*. Existait-il entre les familles d'un même groupe un lien de naissance ? 11 est im- possible de l'affirmer. Ce qui est sûr, c'est que cette association nouvelle ne se fit pas sans un certain élargissement de l'idée religieuse. Au moment même où elles s'unissaient, ces familles conçurent une divinité supérieure à leurs divinités domestiques, qui leur était commune à toutes, et qui veillait sur le groupe entier. Elles lui élevèrent un autel, allumèrent un feu sacré et instituèrent, un culte*.

Il n'y avait pas de curie, de phratrie, qui n'eût son autel et ton dieu protecteur. L'acte religieux y était de même nature

��1. Ce mode de génération de la phratrie est nettement indiqué dans un curieux fragment de Dicéarque {Fragm. hist. gr.,éd. Didot, t. Il, p. 238); après avoir parlé du culte de famille, qui ne se communiquait pas même par le mariage, il ajoute : éttpa iiç It<6t| t«p5> «oivMvmr, o-ùvoJoç Viv ippa-tf tav «vôiiaÇov. Les phratries sont signalées dans Homère comme une institution commune à la Grèce ; Iliade, II,

362 : xfïv" ivSfaç xatà ^"Ao, xoxô ^filipoç, 'Ayàl'-El'ivov, w( ffltfi ÎP^tflfi» «pii^îl i î"^» tk fùJotç. — PoUux, III, &2 : fpatploi ^(TOv SuoxaiSixo, xal Iv ixàavj fû^ -tpioxovTa. Dé-

mosthène, in Macarlatum, 14; Isée, de Philoct. hered., 10. — 11 y avait dee phratries à Thèbes (soholiaste de Pindare, Islhm., VI, 18), à Corinthe (ibid., Olymp., XIII, 127) ; en Thessalie (ibid., Isthm., X, 85) ; à Néapolis (Slrabon, V, p. 246) ; en Crète (B<Bckh, Corp. intcr., n* 2555). Quelques historiens penseni que les ûSai de Sparte correspondent aux phratries d'Athènes. — Les mots phratrie et curie étaient regardés comme synonymes ; Denys d'Halicarnasse (II, 85) et Dion Cassius (fragm. 14) les traduisent l'un par l'autre.

2. Démostbène, in Macart., 14, et Isée, de Apollod. hered., mentionnent l'au- tel de la phratrie>t le sacrifice qui s'y faisait. Cratinus (dans Athénée, XI, 3, p. 460) ^rle du dieu qui préside à U phratrie, zrà( f f B^wf. Polloz, III, &3 : %v>\ f p>Tf i»i. Tk («t^ l» f mn^m» f féwfif, jfétfK»i ImUTt*. ffnpMt •<(, ^ Wa|U*^ w1| f f éwyn.

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