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CHÀP. X. Â GENS À ROME ET EN GRÈCE. ISl

de la gens antique et de sa nature, si Ton se reporte aux TÎeilles croyances et aux vieilles institutions que nous avons observées plus haut. On reconnaîtra même que la gens est dé- rivée tout naturellement de la religion domestique et du droit privé des anciens âges. Que prescrit, en effet, cette religion prinaitive? Que l'ancêtre, c'est-à-dire l'homme qui le premier a été enseveli dans le tombeau, soit honoré perpétuellement comme un dieu, et que ses descendants réunis chaque année T>rès du lieu sacré où il repose lui offrent le repas funèbre. Ce foyer .toujours allumé, ce tombeau toujours honoré d'un culte, voilà le centre autour duquel toutes les générations vien- nent vivre et par lequel toutes les branches de la famille, quelque nombreuses qu'elles puissent être, restent groupées en un seul faisceau. Que dit encore le droit privé de ces vieux âges? En observant ce qu'était l'autorité dans la famille an- cienne, nous avons vu que les fils ne se séparaient pas du père; en étudiant les règles de la transmission du patrimoine, nous avons constaté que, grâce au principe de la communauté du domaine, les frères cadets ne se séparaient pas -du frère aîné. Foyer, tombeau, patrimoine, tout cela à l'origine était indi- visible. La famille l'était par conséquent. Le temps ne la dé- membrait pas. Cette famille indivisible, qui se développait à travers les âges, perpétuant de siècle en siècle son culte et son nom, c'était véritablement la gens antique. La gens était la famille, mais la famille ayant conservé l'unité que sa re- ligion lui commandait, et ayant atteint tout le développement que l'ancien droit privé lui permettait d'atteindre'.

1. Noos n'avons pas à revenir sar ee que nous avons dit plus haut (liv. II, ch. t) de Vagnation. On a pa voir que Yagnation et la gentililé découlaient des mêmes principes et étaient nne parenté de même nature. Le passage de la loi des Douz fables qni assigne l'héritage aux gentiles à défaut d'agnati a embarrassé les juri». ronsultes et a fait penser qu'il pouvait y avoir une difTérence essentielle entre ces deux sortes de parenté. Mais cette difTérence essentielle ne se voit dans aucun texte. On était agnatus comme on était geniilis, par la descendance masculine et par le lien religieux. Il n'y avait entre les deux qu'une différence de degré, qui se marqua surtout à partir de l'époque oii les branches d'une même gens se séparèrent. L'agna- tus fut membre de la branche, le gentiiis de la gens. Il s'établit alors la même dis- tinction entre les termes de gentiiis et d'agnalus qu'entre les roots gens et fami- lia. Familiam dicimus omnium agnatorum, dit Ulpien au Digeste, liv. L, tit. 1C,S 19S. Qoand on était agnat à l'égard d'nn homme, on était à plus forte raisoa

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