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106 LIVRE II. LA FAMILLE.

main tachô«de sang ne peut plus toucher les objets sacrés'. Pour que l'homme puisse reprendre son culte et rentrer en possession de son dieu, il faut au moins qu'il se purifie par une cérémonie expiatoire*. Cette religion connaît la miséri- corde; elle a des rites pour efiFacer les souillures de l'âme-, si étroite et si grossière qu'elle soit, elle sait consoler l'homme de ses fautes mêmes.

Sf elle ignore absolument les devoirs de charité, du moins elle trace à l'homme avec une admirable netteté ses devoirs de famille. Elle rend le mariage obligatoire ; le célibat est un crime aux yeux d'une religion qui fait de"" la continuité de la famille le premier et le plus saint des devoirs. Mais l'union qu'elle prescrit ne peut s'accomplir qu'en présence des divinités domestiques; c'est l'union religieuse, sacrée, indissoluble, de l'époux et de l'épouse. Que l'homme ne se croie pas permis de laisser de côté les rites et de faire du mariage un simple con- trat consensuel, comme il l'a été à la fin de la société grecque et romaine. Cette antique religion le lui défend, et s'il ose le faire, elle l'en punit. Car le fils qui vient à naître d'une telle union est considéré comme un bâtard, c'est-à-dire comme un être qui n'a pas place au foyer; il n'a droit d'accomplir aucun acte sacré; il ne peut pas prier*.

Cette même religion veille avec soin sur la pureté de la famille. A ses yeux, la plus' grave faute qui puisse être com- mise est l'adultère. Car la première règle du culte est que le foyer se transmette du père au fils; or l'adultère trouble l'ordre de la naissance. Une autre règle est que le. tombeau ne con- tienne que les membres de la famille ; or le fils de l'adultère est un étranger qui sera enseveli dans le tombeau. Tous les principes de la religion sont violés; le culte est souillé, le foyer devient impur, chaque offrande au tombeau devient une im- piété. Il y a plus : par l'adultère la série des descendants es<

i. Hérodote, I, S&. Virgile, En., n, 71». PluUrque, Thésée, 13.

3. Hérodote, tbtciem,- Eschyle, Choéph., 96 ; la cérérionie est décrite par Apol- loiiius de Rhodes, IV, 704-707. •

3. Isée, de Philocl. heredit., 47 ; Démosthène, in Uaeartatum, H : voQu I itTi lîvai àf/io-Ttiov ci^f îipSv |nr,J' ô»{iuv. L» religion des temps postérieurs defe - dit eacora lU v66o,-d'ofncif "omme prêtre. Voy. Ross Inscr gr., lU, i2

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